Par une vibrante journée de juin, Bunia a vu s’écrire une page nouvelle de sa quête de paix. Dans l’effervescence d’une conférence culturelle, les femmes Lendu, gardiennes des traditions et sentinelles de l’espoir, ont déployé leurs voix comme des boucliers contre les divisions. Organisé par la dynamique Ligue des femmes Bhale, ce rassemblement portait en lui la promesse d’une renaissance pour l’Ituri, province trop longtemps meurtrie par les conflits.
Une vingtaine de représentantes venues des quatre coins de la région ont répondu présent, tissant dans la salle une toile de détermination palpable. Sous le regard bienveillant des ancêtres, leurs échanges ont navigué entre la mémoire douloureuse des violences et la vision audacieuse d’un avenir pacifié. Comment ne pas voir dans cette convergence une métaphore puissante : celle d’un fleuve dont les affluents, longtemps séparés, cherchent à nouveau leur lit commun ?
La parole de Sifa Mbikpa, présidente de la Ligue des femmes Bhale, a résonné comme un appel clair : « Sans paix, point d’entrepreneuriat féminin viable ». Ses mots, tranchants comme une sagaie, pointaient l’absurdité de vouloir développer des activités économiques dans des entités encore sous la menace des groupes armés. L’autonomisation économique des femmes n’est-elle pas le socle sur lequel se bâtit toute cohésion sociale durable ?
L’intervention de Joël Ndeye, acteur social chevronné, a ajouté une dimension stratégique à ce plaidoyer. « Vous êtes les passeuses », a-t-il lancé aux participantes, soulignant leur rôle d’artisanes du dialogue intercommunautaire. Son exhortation à développer des activités génératrices de revenus résonnait comme un défi lancé au destin : transformer les compétences ancestrales en leviers de résilience économique. Dans cette alchimie subtile, chaque micro-entreprise féminine devient un rempart contre l’enrôlement des jeunes.
L’atmosphère, chargée d’une ferveur presque sacrée, a vu naître des engagements concrets. Des projets d’artisanat local aux coopératives agricoles, les idées ont fusé, dessinant les contours d’un entrepreneuriat féminin ancré dans l’identité Lendu. Cette conférence culturelle à Bunia aura été bien plus qu’un colloque : un acte politique incarné, où les parures traditionnelles dialoguaient avec les calculatrices, où les contes des aïeules épousaient les business plans.
La Ligue des femmes Bhale promet désormais d’élargir ce cercle vertueux, portant ce message comme on transporte une torche dans l’obscurité. Car l’Ituri le sait désormais : lorsque les femmes Lendu se lèvent pour la paix, c’est toute la région qui retrouve son équilibre. Leur combat, tissé de patience et de courage, pourrait bien être ce chant profond qui manquait à la partition de la réconciliation.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net
