Dans un mouvement parlementaire rare, le Sénat de la République Démocratique du Congo a voté à l’unanimité ce mercredi deux textes législatifs majeurs : la rectification de la loi des finances 2025 et une révision substantielle de la loi contre le blanchiment de capitaux. Cet alignement des planètes politiques cache-t-il une véritable adhésion ou une simple trêve tactique ? L’analyse des débats révèle pourtant une intervention remarquée : celle du sénateur Papy Labila Nkalim, dont les propositions structurantes pourraient redéfinir la gouvernance économique nationale.
Lors des discussions en plénière, le sénateur du Kwilu a déployé une argumentation aussi technique que percutante. S’appuyant sur le constat que « les budgets sont l’expression chiffrée du programme gouvernemental », il a fustigé l’insuffisance des fonds alloués aux infrastructures. Son cheval de bataille ? Le Fonds d’intervention stratégique (FIS), cette création gouvernementale qu’il entend alimenter par des mécanismes financiers innovants. « Nous appuyons l’idée du FIS, mais son financement doit reposer sur des bases solides et diversifiées », a-t-il martelé face à une commission Ecofin visiblement conquise.
Les Papy Labila recommandations dévoilent une ingénierie fiscale audacieuse. Outre les 25% de royalties déjà prévues, le parlementaire exige que 30% des ressources du Fonds minier (FOMIN) destinées aux générations futures soient déviées vers le FIS. Plus surprenant encore, il propose de capter la totalité des redevances étatiques sur les transactions de mobile banking – un secteur en explosion dans le pays. « Les opérateurs engrangent des bénéfices colossaux tandis que l’État peine à financer ses projets structurants. Cette aberration doit cesser », semble sous-entendre le sénateur d’une voix chargée d’ironie.
Mais la véritable originalité réside dans son plaidoyer pour taxer les paris sportifs. En suggérant une redevance sur la masse financière de ce secteur opaque, Labila tape juste là où les caisses publiques saignent. Son plan d’allocation du FIS ? Une répartition millimétrée : 50% dédiés aux infrastructures routières (30% pour le bitumage, 20% pour les routes en terre via le FONER), 20% à l’énergie et l’eau, 20% aux ports et aéroports, et 10% aux autres chantiers. Une vision qui répond crûment aux besoins sécuritaires : « Sans routes, comment défendre le territoire national ? » questionne-t-il rhétoriquement.
La manœuvre politique ne s’arrête pas là. Conscient de la volatilité des engagements budgétaires, Labila a exigé que le bureau du Sénat, sous l’autorité de Sama Lukonde, « cristallise ces dispositions dans la loi ». Un appel à l’inscription dans le marbre législatif pour éviter que ces avancées ne restent lettre morte. Cette rectification loi finances 2025 pourrait-elle alors devenir le pivot d’une nouvelle gouvernance économique ?
Reste l’épineuse question de l’harmonisation avec l’Assemblée nationale. Le sénateur Vunabandi, président de la commission Ecofin, se veut rassurant : « Le travail se poursuivra dans le respect des textes avec nos collègues de l’autre chambre ». Pourtant, derrière cette unanimité affichée sur la loi blanchiment capitaux RDC révisée, se cachent des négociations à haut risque. Le gouvernement joue-t-il sa crédibilité sur ce Sénat RDC budget 2025 rectifié ? Une chose est sûre : si les propositions de Labila survivent au processus législatif, elles pourraient infléchir durablement la politique d’investissements stratégiques. Prochaine étape : le feu croisé des débats à l’Assemblée nationale, où chaque virgule du Fonds intervention stratégique sera passée au crible des intérêts contradictoires.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net