Dans un coup diplomatique cinglant, le Rwanda vient de s’emparer de la présidence tournante du Conseil des ministres du Centre régional sur les armes légères (RECSA) lors de la 11e réunion ministérielle à Nairobi. Cette décision a immédiatement déclenché une protestation officielle de la République démocratique du Congo, dont les efforts pour bloquer l’accession de Kigali se sont soldés par un échec retentissant.
Le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a ajouté l’insulte à la blessure en répliquant avec une virulence rare : “Heureusement, aucune organisation régionale africaine ne peut être intimidée ou manipulée par le régime désespéré de Kinshasa”. Cette sortie publique aggrave significativement la fracture entre les deux voisins, déjà englués dans un conflit larvé.
Le RECSA, pivot de la sécurité régionale, regroupe 15 États membres autour d’une mission cruciale : contrôler la prolifération des armes légères dans l’instable région des Grands Lacs et la Corne de l’Afrique. Fondé sur le Protocole de Nairobi, ce mécanisme intergouvernemental représente un rempart contre les trafics d’armes alimentant les groupes armés. La passation de pouvoir entre le Kenya et le Rwanda s’est accompagnée d’examens techniques sur la conformité régionale et le financement de l’organisation, mais ces aspects techniques ont été éclipsés par la tempête politique.
Comment cette présidence rwandaise du RECSA influencera-t-elle la lutte contre les trafics d’armes vers l’Est congolais ? La question brûle les lèvres des observateurs, tant les accusations croisées empoisonnent les relations bilatérales. Cet épisode s’inscrit dans une escalade inquiétante : le Rwanda a récemment officialisé son retrait de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), accusant la RDC de manipulation institutionnelle. Kigali reproche également à Kinshasa son soutien présumé aux FDLR et des violations territoriales répétées.
Malgré ces tensions explosives, le Rwanda affirme maintenir son engagement dans les médiations de paix pilotées par l’Union africaine, les États-Unis et le Qatar. Une position pour le moins paradoxale, alors que sa rhétorique agressive envers la RDC atteint des sommets inédits. La diplomatie africaine parviendra-t-elle à contenir cette nouvelle crise ? Les prochains mois s’annoncent décisifs pour la stabilité d’une région où la circulation des armes légères reste un fléau meurtrier.
La présidence rwandaise du RECSA représente désormais un test majeur pour la crédibilité des mécanismes de sécurité collective en Afrique centrale. Alors que les armes continuent d’alimenter les conflits dans l’Est congolais, la capacité de cette organisation à transcender les divisions politiques sera scrutée à la loupe. L’efficacité de la lutte contre les trafics d’armes dans les Grands Lacs dépendra largement de l’apaisement des tensions entre Kigali et Kinshasa – un défi herculéen au regard des récents développements.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd