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PHC Lokutu : La trêve inattendue dans les conflits communautaires de la Tshopo

L’eau jaillit enfin du forage neuf, dans un crépitement joyeux qui attire les femmes du quartier. À Lokutu, territoire de Basoko en province de la Tshopo, ce simple geste quotidien symbolise une révolution silencieuse. « Avant, on marchait des heures pour une eau souvent contaminée », confie Mama Kanku, mère de six enfants, en remplissant son seau. Ce forage public, réalisé par les Plantations et Huileries du Congo (PHC), fait partie des signaux tangibles d’une paix retrouvée dans une région historiquement minée par les conflits communautaires.

Comment cette entreprise, autrefois perçue comme un envahisseur, a-t-elle transformé l’hostilité en coopération ? L’ONG RIAO-RDC, après une mission approfondie menée entre mars et avril 2024, dresse un rapport étonnant sur l’évolution du climat social. Jean-François Mombia Atuku, cadre de l’organisation, témoigne : « Le contraste est saisissant avec la situation explosive de 2016. À l’époque, des cultivateurs étaient intimidés pour cultiver leurs propres parcelles. Aujourd’hui, PHC achète leur production de noix de palme ! »

Les actions concrètes se multiplient : l’hôpital PHC-Lokumete a été modernisé avec du matériel médical dernier cri, trois écoles ont été rénovées ou construites de fond en comble, et ces fameux forages offrent désormais une eau potable à des milliers d’habitants. Mais l’innovation majeure réside dans les partenariats agricoles. Alphonse Lokombe, planteur local, explique : « PHC nous fournit des semences améliorées et forme nos jeunes aux techniques modernes. En échange, ils nous achètent 60% de notre récolte à prix équitable. C’est du gagnant-gagnant. »

Cette dynamique de développement Basoko RDC porte ses fruits : les arrestations arbitraires et violences documentées par le passé ont disparu. Les communautés, qui réclamaient jadis le départ de PHC, plaident désormais pour sa pérennité. Pourtant, une ombre persiste au tableau. Malgré l’accord de décembre 2024, le bornage des terres – clé de voûte des tensions foncières – n’a toujours pas démarré. « Sans délimitation claire, la paix reste fragile », avertit Mombia Atuku, exigeant un comité multipartite sous supervision étatique.

Le rapport RIAO-RDC souligne que ces avancées à Lokutu s’inscrivent dans une stratégie globale du groupe Kuramo Capital Management, actionnaire de PHC. Les sites de Boteka et Yaligimba connaissent des transformations similaires. Mais la vigilance reste de mise : « Aucun développement ne justifie la spoliation », rappelle le responsable associatif. Alors que PHC écoule désormais 100% de son huile de palme sur le marché congolais, créant une autonomie alimentaire précieuse, la question demeure : ces investissements sociaux suffiront-ils à enterrer définitivement les vieux démons de la Tshopo ? L’avenir le dira, mais pour la première fois depuis des décennies, les femmes de Lokutu puisent leur eau en chantant.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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