Dans les vastes territoires du Grand Kasaï, un silence sanitaire inquiétant plane sur des milliers d’enfants congolais. Les dernières données révèlent une couverture vaccinale dangereusement en dessous des normes internationales, exposant les plus jeunes à des maladies que la science sait pourtant prévenir depuis des décennies. Un constat alarmant dressé par le Dr Placide Kayombo, coordonnateur régional de l’ABFND, lors d’une intervention mémorable sur les ondes de Radio Okapi début juin.
Qui sont les premières victimes de ce déficit vaccinal au Kasaï ? Les provinces du Kasaï Oriental, de la Lomami et du Sankuru présentent des proportions particulièrement préoccupantes d’enfants non vaccinés ou sous-immunisés. La situation y atteint des niveaux critiques, transformant chaque jour sans vaccination en une roulette russe sanitaire pour des nourrissons privés de leur bouclier immunitaire de base.
Comment expliquer cette dangereuse lacune dans la santé infantile RDC ? Les racines du problème plongent dans un terreau complexe : infrastructures sanitaires défaillantes, mouvements fréquents de populations fuyant les conflits, et surtout, ce poison insidieux qu’est la désinformation vaccinale. Des rumeurs persistantes circulent encore dans les villages, semant la méfiance envers des interventions médicales qui ont pourtant sauvé des millions de vies africaines.
Face à cette urgence, le gouvernement congolais et ses partenaires internationaux ont déclenché une contre-offensive sanitaire d’envergure. Des équipes mobiles parcourent désormais les zones reculées, transformant parfois des cases communautaires en centres de vaccination temporaires. « Notre bataille se mène sur deux fronts », explique le Dr Kayombo. « D’abord rendre les vaccins accessibles physiquement aux populations les plus isolées. Ensuite, et c’est tout aussi crucial, regagner la confiance des parents par un dialogue permanent ».
Ces campagnes vaccination Grand Kasaï innovent par leur approche communautaire : des relais locaux formés parcourent les marchés et les églises, démontant une à une les idées reçues avec des explications en tshiluba ou en kikongo. Car vacciner un enfant ne suffit pas ; il faut aussi vacciner les esprits contre la méfiance. La santé infantile RDC repose sur ce double effort que les autorités sanitaires entendent intensifier dans les prochains mois.
Quelles leçons tirer de cette crise silencieuse ? D’abord que la couverture vaccinale RDC reste un chantier prioritaire, surtout dans les régions enclavées. Ensuite, que chaque enfant non protégé représente une faille dans notre système de santé collective. Alors que la RDC continue de lutter contre d’autres épidémies, cette négligence vaccinale crée un terrain fertile pour de nouvelles menaces sanitaires. La mobilisation actuelle dans le Grand Kasaï pourrait servir de modèle pour d’autres provinces, à condition que les efforts se maintiennent bien après la fin des campagnes médiatisées.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
