Les forêts du Nord-Kivu étouffent sous la pression du bois de chauffe. Combien d’arbres sacrifiés chaque jour pour la cuisson des repas ? Une réponse concrète émerge à Beni, où le gouvernement provincial a lancé ce 11 juin une offensive inédite contre la déforestation galopante. Au cœur de cette bataille écologique : la promotion massive des foyers améliorés, ces braseros nouvelle génération qui consomment moitié moins de ressources forestières.
Karekeza Mutayomba, représentant du gouverneur, ne mâche pas ses mots lors du lancement à la mairie de Beni : “La réduction de la demande en bois de chauffe est vitale pour nos massifs forestiers en détresse”. Son constat est implacable : les foyers traditionnels dévorent la forêt à un rythme alarmant. La campagne orchestrée par l’Unité provinciale de gestion du projet carbone (UGPC) cible cette hémorragie verte. Objectif affiché : transformer les habitudes culinaires en acte de résistance écologique.
Derrière ces foyers améliorés se cache une révolution silencieuse. Alexandre Baraka, coordonnateur de l’UGPC, en dévoile les promesses : “50% d’économie de bois pour chaque ménage ! Une bouffée d’oxygère pour nos écosystèmes qui suffoquent”. Ces dispositifs ingénieux deviennent les soldats de première ligne dans la lutte contre le changement climatique au Nord-Kivu. Leur adoption massive pourrait faire de la province un laboratoire vivant de la transition écologique en RDC.
Mais pourquoi cette urgence à Beni ? La réponse fuse, brutale : la déforestation y ronge près de 50 000 hectares annuels selon les dernières études. Chaque foyer traditionnel consomme jusqu’à 10 kg de bois quotidiennement – un feu qui consume l’avenir des générations futures. La campagne de foyers améliorés s’attaque frontalement à ce fléau. Elle s’inscrit dans la dynamique des projets carbone RDC, ces mécanismes cruciaux où la préservation des forêts devient monnaie d’échange contre le réchauffement planétaire.
Les implications dépassent l’écologie pure. Réduire la collecte de bois, c’est aussi diminuer l’exposition des femmes aux dangers des forêts, ces zones parfois contrôlées par des groupes armés. C’est alléger les dépenses des ménages consacrées à l’énergie. C’est créer une économie circulaire autour des technologies vertes. Le projet carbone Nord-Kivu ouvre ainsi une voie pionnière, où la cuisson des aliments devient un acte politique pour la survie des tourbières et puits de carbone congolais.
La RDC a fait de la lutte contre le changement climatique un étendard national. Avec cette campagne à Beni, le Nord-Kivu relève le défi sur le terrain. Les foyers améliorés ne sont pas de simples ustensiles, mais les artisans d’une métamorphose. Leur adoption déterminera si nos forêts, ces poumons de l’Afrique centrale, pourront continuer à respirer – ou si nous assisterons, impuissants, à leur dernier soupir.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net