Une crise silencieuse frappe les structures sanitaires du Nord-Kivu : les zones de santé de Beni, Butembo et Lubero subissent une pénurie alarmante d’intrants pour le dépistage du VIH/SIDA. Cette situation, persistante depuis plusieurs semaines, paralyse les efforts de surveillance épidémiologique dans une région déjà fragilisée par l’afflux massif de déplacés fuyant l’occupation du M23/AFC. Comment contenir la propagation du virus sans outils de diagnostic ? La question hante les professionnels de santé locaux.
Le Dr Nicaise Mathe, coordonnateur régional du Programme national de lutte contre le SIDA (PNLS), tire la sonnette d’alarme. “L’approvisionnement en antirétroviraux nous évite une rupture totale, mais le déficit en tests de dépistage reste critique”, confie-t-il. Malgré les convois acheminés depuis Goma, les besoins dépassent largement les stocks disponibles. Cette pénurie tests VIH Nord-Kivu survient dans un contexte explosif : plus de 12 000 personnes sont actuellement sous traitement ARV dans ces trois zones, un chiffre en hausse constante.
L’exode des populations fuyant les combats agit comme un accélérateur de risques. Imaginez des milliers de familles déracinées, sans accès aux services de prévention, convergeant vers des centres urbains surpeuplés. Ce scénario explique en partie la recrudescence des cas observée à Butembo, où les déplacés VIH Butembo représentent désormais 40% des nouveaux patients selon des sources médicales locales. La promiscuité, la précarité et la rupture des suivis médicaux créent un terrain fertile pour la transmission.
Face à cette urgence sanitaire Lubero et dans le Grand Nord-Kivu, le Dr Mathe plaide pour un réapprovisionnement immédiat. “Sans tests, nous naviguons à vue. Impossible d’identifier les nouveaux cas, d’orienter les malades vers les traitements ou de cartographier les foyers émergents”, déplore-t-il. Sa requête s’accompagne d’un appel à renforcer les campagnes de sensibilisation, particulièrement auprès des jeunes, qui constituent 60% des nouvelles infections en RDC selon les dernières données nationales.
Certains partenaires internationaux tentent de pallier ce déficit dépistage RDC. L’UNFPA a ainsi fourni des préservatifs et promis un soutien accru. Mais ces mesures restent insuffisantes face à l’ampleur de la crise VIH/SIDA Beni et ses voisines. Une coordination renforcée entre autorités congolaises et acteurs humanitaires s’impose pour éviter un scénario catastrophe. Car dans cette course contre la montre, chaque test manqué pourrait signifier des chaînes de transmission invisibles – une bombe à retardement dans une région où les systèmes de santé fonctionnent déjà au ralenti.
Que faire alors ? Les spécialistes recommandent d’urgence : prioriser l’acheminement des kits vers les hotspots identifiés, déployer des unités mobiles de dépistage dans les camps de déplacés, et intégrer le volet VIH dans toutes les interventions humanitaires. Comme un mécanicien privé de ses outils, le personnel soignant ne peut réparer ce qu’il ne voit pas. Cette pénurie n’est pas qu’une question de stocks, mais de vigilance collective face à un ennemi viral qui profite des failles de nos défenses.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
