La République Démocratique du Congo franchit une étape décisive dans sa stratégie de modernisation des infrastructures aériennes. Le Vice-Premier Ministre chargé des Transports, Jean-Pierre Bemba Gombo, a officiellement annoncé le lancement des travaux de transformation de l’aéroport international de Ndjili, un projet phare évalué à 500 millions USD devant s’achever en décembre 2027.
Lors d’une intervention médiatique sur Top Congo ce 9 juin 2025, le ministre a dévoilé le choix de l’entreprise Infrarose comme maître d’œuvre de ce chantier structurant. Ce contrat marque un tournant stratégique après l’évaluation des propositions antérieures de Milvest. « Ce nouveau deal est avantageux », a-t-il souligné, insistant sur la valeur ajoutée de ce partenariat pour les finances publiques.
Le projet, comparable à une cure de jouvence pour le poumon aérien congolais, prévoit une refonte totale sur 43 000 m² : construction d’une aérogare à deux niveaux, ajout d’une piste parallèle, réfection complète de la piste existante, modernisation du tarmac et création d’un nouveau parking. Un investissement massif qui positionne Ndjili comme futur hub régional.
Un financement innovant sous contrôle national
Le modèle économique retenu combine financement public, participation privée et concession future. « Le contrôle se fera au niveau de la RVA […] sous gestion congolaise », a précisé Bemba Gombo, répondant ainsi aux inquiétudes sur la souveraineté de gestion. Ce montage évite les écueils des partenariats précédents tout en garantissant l’autorité de la Régie des Voies Aériennes.
Face aux scepticismes liés aux retards historiques des grands chantiers, le ministre a opposé des réalisations tangibles : « Le Président a inauguré Kisangani, Kolwezi sera livré cette semaine, et Luano dans 20 mois ». Un argumentaire appuyé par la sélection de SUMMA – groupe international expérimenté – pour l’aéroport de Lubumbashi, écourtant les polémiques locales.
Une stratégie aéroportuaire nationale
Cette modernisation de Ndjili s’inscrit dans un vaste plan de rénovation des aéroports congolais. Onze infrastructures supplémentaires – dont Kananga, Mbuji-Mayi et Bunia – font actuellement l’objet d’études de faisabilité. Parallèlement, un programme urgent de balisage concernera les 53 pistes opérationnelles sur les 263 recensées, avec déjà 350 km de câbles acquis.
Le conseil des ministres du 6 juin 2025 a acté cette priorité nationale. Alors que Ndjili cristallisait les critiques pour son vétusté, sa métamorphose pourrait générer un effet levier sur l’attractivité économique. Les investissements infrastructures RDC atteignent ici un seuil critique : quel impact sur la connectivité africaine de la RDC ?
Si le calendrier est tenu, ce projet structurant matérialisera la nouvelle ambition aéroportuaire congolaise. Reste à transformer l’essai dans un secteur où les retards chroniques ont érodé la confiance des investisseurs. La crédibilité future des grands chantiers publics se joue aussi sur le tarmac de Ndjili.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
