Une cinquantaine de personnes ont été enlevées par des hommes armés ce samedi 7 juin 2025 dans le village de Kibinda, secteur Bakumu d’Angumu. Ce kidnapping massif frappe le territoire de Bafwasende, en pleine province de la Tshopo. Les victimes, majoritairement des creuseurs artisanaux travaillant dans cette zone minière stratégique, ont été emmenées de force vers la forêt du parc de Maiko.
L’attaque a été menée par des assaillants venus d’Isangi selon des sources locales. L’opération rapide et coordonnée a plongé la région dans une terreur palpable. Des habitations ont été réduites en cendres dans plusieurs localités dont Balembangwa, Sun City et Mafwada. Les populations fuient désormais leurs villages, craignant de nouvelles incursions.
Le chef de secteur Benaya Bakola, Alexis Bwanandeke, pointe du doigt les Forces démocratiques alliées (ADF). Ces combattants islamistes, pressés par les opérations militaires conjointes de la RDC et de l’Ouganda dans le Nord-Kivu et l’Ituri, se replieraient vers Bafwasende depuis 2024. « Leur présence est avérée dans cette partie du territoire », a-t-il confirmé sous couvert d’anonymat.
La société civile d’Opienge abonde dans ce sens. Son président, Alexis Bwanandeke, décrit des méthodes d’une brutalité inouïe : « Ils égorgent, tuent, brûlent et tirent à balles réelles. Si cela continue, ces villages seront vidés de leurs habitants. » Cette violence récurrente dans le parc Maiko soulève une question cruciale : jusqu’où iront ces groupes pour échapper à la pression sécuritaire ?
L’insécurité à Opienge se double d’une autre menace. Le groupe armé du général autoproclamé Shokoro opère parallèlement dans la zone, compliquant le paysage sécuritaire. Cette superposition de menaces rend toute intervention humanitaire ou militaire extrêmement périlleuse.
Le sort des creuseurs enlevés demeure inconnu à ce stade. Aucune revendication ni demande de rançon n’a filtré. Les autorités provinciales gardent un silence inquiétant sur cette crise. La forêt dense du parc Maiko, théâtre récurrent de violences, pourrait dissimuler le destin tragique de ces travailleurs artisanaux.
Ce kidnapping massif révèle la porosité des frontières sécuritaires dans l’est de la RDC. Malgré les opérations Sokola et Shujaa, les groupes armés adaptent leurs stratégies. La Tshopo, jusqu’ici relativement épargnée, devient un nouveau front dans cette guerre asymétrique. L’absence de dispositif militaire robuste dans le secteur Bakumu d’Angumu interroge sur la capacité à protéger les civils.
La communauté internationale suit désormais cette crise humanitaire émergente. Des organisations locales appellent à une intervention urgente avant que Bafwasende ne bascule dans le chaos qui frappe déjà le Nord-Kivu et l’Ituri. Le temps est désormais compté pour les otages pris au piège de cette spirale infernale.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd