Quatre-vingt agents du ministère de l’Économie nationale ont achevé une formation intensive à Kinshasa, les 10 et 11 juin, marquant une avancée décisive dans la politique de formalisation du secteur informel en République Démocratique du Congo. Ce renforcement de capacités, supervisé par la direction du cabinet ministériel, constitue le pilier opérationnel d’un des trois axes stratégiques confiés à cette institution. Comment cette formalisation pourrait-elle transformer l’écosystème économique congolais ?
Théodore Nana Mungiele, directeur de cabinet intérimaire représentant le vice-Premier ministre Daniel Mukoko Samba, a souligné l’importance capitale de cette mission lors de la cérémonie de clôture. “Le patron de l’Économie nationale attend beaucoup des enquêteurs”, a-t-il déclaré, exhortant les agents à s’engager pleinement au service de l’État. Cette attente reflète l’ambition gouvernementale de structurer un secteur informel qui représente, selon les estimations, près de 80% de l’économie nationale.
Kinshasa a été désignée comme ville-pilote pour cette opération inédite, un choix stratégique pour cette capitale où le secteur informel constitue le principal pourvoyeur d’emplois. Jerry Mvuanda, formateur principal, a détaillé le cœur technologique de cette initiative : l’application ODK Collect. Cet outil permettra aux enquêteurs secteur informel de collecter des données fiables en temps réel, créant ainsi le premier registre numérique des acteurs économiques non structurés.
La formalisation secteur informel RDC n’est pas qu’un exercice bureaucratique. Elle ouvre la voie à une inclusion financière massive, une meilleure assiette fiscale et surtout, la création d’emplois formels durables. Le ministère économie nationale table sur un effet domino : chaque entreprise formalisée pourrait générer 2 à 3 emplois stables supplémentaires selon les projections. Cette opération sert également de test avant un déploiement national, avec un calendrier encore confidentiel.
La formation agents économie a combiné modules théoriques sur les techniques d’enquête de terrain et exercices pratiques sur l’application ODK Collect. Les participants ont été initiés aux protocoles d’identification des micro-entreprises, des vendeurs ambulants et des prestataires de services non déclarés. Cette méthodologie standardisée vise à éviter les doubles comptages et établir une cartographie précise de l’informel kinois.
Reste le défi de la pérennité. Comment garantir que ces efforts ne restent pas lettre morte ? Les observateurs économiques soulignent la nécessité d’accompagner cette formalisation par des mesures incitatives : accès facilité au crédit, simplification des procédures administratives, et programmes de formation continue. Le succès de cette phase pilote à Kinshasa déterminera l’avenir de cette politique économique structurante pour l’ensemble du pays.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net