Dans un geste qui pourrait redéfinir l’avenir écologique de la RDC, les gardiens séculaires des forêts congolaises viennent de sceller un pacte historique. La province de la Tshopo, poumon vert menacé, assiste à un revirement inédit : ses chefs traditionnels ont publiquement renoncé à monnayer leurs terres ancestrales. Une décision courageuse prise ce mardi 10 juin à Kisangani, épicentre d’un atelier organisé par l’ONG TROPENBOS RDC, où se sont réunis les autorités coutumières des territoires de Bafwasende, Banalia, Ubundu et Basoko.
Ces chefs, dont le pouvoir repose traditionnellement sur la maîtrise des ressources foncières, ont choisi la protection contre la prédation. Jean-Francis Ilinga, porte-voix des chefs traditionnels de la Tshopo, a lu l’engagement solennel devant une assistance médusée : « Nous prenons l’engagement, conformément à nos missions, de ne pas vendre les forêts ou les terres, mais de les protéger pour nos communautés locales ». Une déclaration choc qui rompt avec des décennies de pratiques contestées, où les concessions forestières alimentaient conflits et appauvrissement.
Cet atelier TROPENBOS Kisangani marque un tournant dans la foresterie communautaire en RDC. Les chefs ne se contentent pas d’un renoncement symbolique ; ils s’engagent activement dans la protection forêts RDC en promettant de « pérenniser nos terres et forêts coutumières pour les transmettre aux générations futures ». Comment? En soutenant l’agrobusiness durable et en sensibilisant leurs communautés aux normes des Concessions Forestières des Communautés Locales (CFCL). Une réponse directe aux accaparements qui fragmentent l’écosystème du bassin du Congo.
La portée de cet engagement environnemental dépasse les déclarations d’intention. Les chefs traditionnels Tshopo ont juré de restituer ces résolutions dans chaque village concerné par la foresterie communautaire. Un défi colossal dans une région où la pression commerciale sur les terres atteint des niveaux alarmants. Ces gardiens du patrimoine vert devront désormais résister aux offres alléchantes des exploitants tout en réglant pacifiquement les conflits fonciers historiques.
Cette révolution silencieuse pose une question cruciale : et si la sauvegarde des derniers sanctuaires forestiers congolais passait par ceux qui en connaissent chaque sentier? L’initiative démontre que la protection forêts RDC ne peut ignorer les structures traditionnelles. TROPENBOS RDC offre ici un modèle : associer les autorités coutumières comme rempart contre la déforestation plutôt que complices involontaires.
Pourtant, l’ombre des difficultés plane. Les communautés riveraines, souvent privées d’alternatives économiques, accepteront-elles de renoncer à des revenus immédiats? L’État congolais saura-t-il soutenir ces chefs traditionnels Tshopo par des cadres juridiques contraignants? La route reste longue, mais cet engagement ouvre une brèche d’espoir. Alors que le monde cherche désespérément des solutions climatiques, la Tshopo écrit peut-être, avec ses chefs en première ligne, un nouveau chapitre de la résilience écologique africaine.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net