Dans les rues de Kinshasa, les femmes congolaises sont partout : commerçantes infatigables, enseignantes dévouées, soignantes indispensables. Pourtant, le dernier rapport de Target SARL publié en mai 2025 sur l’égalité genre RDC révèle un paradoxe saisissant. Alors que leur participation économique atteint 67%, des barrières invisibles continuent de limiter leur plein épanouissement. « Nous portons l’économie, mais qui porte nos droits ? », interroge amèrement Bernadette, vendeuse au marché de la Liberté.
L’étude met en lumière quatre domaines cruciaux où les inégalités persistent. Dans le secteur économique, si le taux de participation économique femmes Congo égale la moyenne régionale, les obstacles structurels restent tenaces. Accès limité aux crédits, difficultés à posséder des terres, plafond de verre dans les entreprises : autant de chaînes invisibles qui entravent l’autonomie réelle. « Avoir un emploi ne suffit pas quand on ne peut pas hériter des terres familiales », témoigne Joséphine, agricultrice du Kasaï.
Le domaine éducatif sonne comme un véritable cri d’alarme. Avec un score de 68% contre 87% régional, l’éducation filles RDC accuse un retard alarmant. L’écart se transforme en gouffre au secondaire et à l’université, où les jeunes filles désertent les salles de classe. Pauvreté, mariages précoces, infrastructures scolaires inadaptées : ces freins privent la nation de ses futures ingénieures, médecines ou leaders. « Comment construire l’avenir quand la moitié du potentiel national est laissée en jachère ? », s’indigne un enseignant de Goma.
Lueur d’espoir cependant dans le secteur santé : la RDC dépasse la moyenne africaine avec 98%. Cet équilibre dans les indicateurs genre Target SARL concernant la mortalité et l’espérance de vie montre que des progrès sont possibles. Mais cette réussite rend plus criant encore le dernier chiffre, véritable épine dans le pied du développement : la représentation politique femmes plafonne à 11%, moitié moins que les 22% régionaux. Dans les hémicycles, les sièges vides des femmes parlent plus fort que les discours.
« Ces chiffres ne sont pas que des statistiques, ce sont des vies », rappelle Nancy Clémence Tshimueneka, spécialiste des questions de genre. Derrière le score économique se cachent des commerçantes sans droit à la propriété. Sous le déficit éducatif, des destins de filles scolarisées moins de cinq ans. Au-delà du plafond politique, une démocratie boiteuse. Le rapport de Target SARL agit comme un miroir sans complaisance : la route vers l’égalité réelle nécessitera des réformes structurelles courageuses. Car peut-on vraiment parler de développement quand la moitié de la population reste en retrait des décisions qui la concernent ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
