La ville de Goma, épicentre du conflit contre l’AFC/M23, subit un étranglement économique sans précédent. Depuis plus de quatre mois, la fermeture simultanée des institutions bancaires et de l’aéroport international plonge les habitants du Nord-Kivu dans une détresse insoutenable. Une situation qualifiée de « tragique » par Mgr Willy Ngumbi, évêque du diocèse de Goma, lors d’une déclaration poignante ce mardi 10 juin.
« La crise sécuritaire et économique nous frappe de plein fouet », a déploré le prélat, soulignant la résilience des jeunes Gomatraciens. Malgré la peur omniprésente et le deuil des camarades tombés sous les balles, ces derniers « ne perdent pas l’espérance ». L’évêque les a exhortés à s’inspirer de l’exemple de Floribert Bwana Cui, dont la béatification est prévue le 15 juin à Rome.
Cet hommage résonne comme un symbole dans cette région meurtrie. L’ancien agent de l’Office congolais de contrôle (OCC) avait été assassiné en 2007 pour avoir bloqué l’importation de denrées avariées. Un acte de courage civique que Mgr Ngumbi présente en modèle : « Ne perdons pas courage de manière comme l’a fait Floribert Bwana Cui, toujours pour le bien commun ».
L’aéroport de Goma, clé vitale pour l’approvisionnement humanitaire, demeure paralysé par les combats entre FARDC et rebelles M23 soutenus par Kigali. Le vice-Premier ministre Jean Pierre Bemba a confirmé que cette fermeture relève d’une décision gouvernementale. Motif invoqué : la Régie des voies aériennes (RVA) a perdu le contrôle de ces infrastructures, tombées sous occupation rebelle.
Cette paralysie aéroportuaire aggrave une crise bancaire déjà délétère. Sans accès aux services financiers, les commerces locaux suffoquent tandis que l’aide humanitaire peine à atteindre les populations vulnérables. Les transferts d’argent, bouée de sauvetage pour nombre de familles, sont désormais impossibles.
Quelles solutions pour sortir de cette asphyxie organisée ? Les autorités restent muettes sur un calendrier de réouverture. Pendant ce temps, la population endure une double peine : les violences armées d’un côté, l’effondrement économique de l’autre. Comme le souligne amèrement Mgr Ngumbi, la foi et la résilience des jeunes constituent l’ultime rempart contre le désespoir. Mais jusqu’à quand cette ténacité pourra-t-elle compenser l’absence de réponse politique tangible ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd