Alors que l’année scolaire 2024-2025 touche à sa fin, une nouvelle vague de violences vient de frapper le système éducatif du Nord-Kivu. Dans le groupement Kisimba, territoire de Walikale, six établissements scolaires ont brutalement fermé leurs portes depuis le début de la semaine, plongeant élèves et enseignants dans l’exode. La cause ? L’activisme accru des rebelles de l’AFC/M23 dont les incursions sèment la terreur dans cette région déjà éprouvée.
Selon des sources coutumières locales, les écoles affectées par cette fermeture forcée sont l’EP Kailenge/Besse, l’EP 3 Mikolo, l’EP Kisimba, l’EP Ngomito, l’Institut Nyamikuru et l’Institut Ngomito. Cette crise scolaire à Walikale jette des centaines d’élèves et leurs enseignants sur les routes de l’insécurité. « Les parents, les élèves et le personnel éducatif se sont réfugiés dans la forêt pour certains, tandis que d’autres tentent de gagner des localités jugées plus sûres », rapporte un notable de la région, sous couvert d’anonymat.
Le drame prend une dimension particulière quand on sait que ces mêmes écoles avaient timidement rouvert leurs portes il y a à peine un mois. Après des mois d’interruption dues aux affrontements entre wazalendo et rebelles AFC/M23, la population était revenue progressivement dans ses villages, nourrissant l’espoir d’une reprise scolaire durable. Mais cette accalmie fut de courte durée, illustrant le cycle infernal qui frappe l’éducation en zone de conflit. Comment expliquer que les enfants paient toujours le prix fort dans ces tensions armées ?
Avec le calendrier national fixant la fin de l’année scolaire au 2 juillet, la situation devient critique pour les élèves déplacés de Kisimba. Leur année scolaire interrompue en RDC soulève d’angoissantes questions pédagogiques : comment rattraper des semaines de cours perdues ? Qu’adviendra-t-il des examens de fin d’année ? « Difficile de savoir comment ces élèves vont compenser ce temps perdu », confie un enseignant en fuite, joint par téléphone satellite. « Nous avions à peine recommencé à travailler les programmes… »
Cette nouvelle crise des déplacés des écoles à Kisimba s’inscrit dans un tableau plus sombre encore. Le Nord-Kivu compte désormais des centaines d’écoles fermées ou fonctionnant au ralenti, privant toute une génération de son droit fondamental à l’éducation. Les acteurs humanitaires s’alarment des conséquences à long terme : décrochage scolaire massif, recrutement forcé des adolescents par les groupes armés, et perte de repères sociaux.
Alors que les rebelles AFC/M23 étendent leur emprise, la fermeture des écoles dans le Nord-Kivu agit comme un triste baromètre de la dégradation sécuritaire. Dans cette région où l’accès à l’éducation relève déjà du parcours du combattant, chaque jour de cours perdu creuse un peu plus le fossé des inégalités. La communauté internationale parviendra-t-elle à protéger ces sanctuaires du savoir ? Pour les enfants cachés dans les forêts de Walikale, la réponse semble hélas se faire attendre, au rythme des kalachnikovs qui imposent leur loi.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd