Les cris déchirants ont alerté les riverains ce mardi soir près du pont Kihira. Un véhicule venant de Bihambwe, chargé de minerais et de six passagers, a violemment percuté la structure avant de faire plusieurs tonneaux et de disparaître dans les eaux sombres de la rivière. Combien de drames faudra-t-il encore pour que les autorités se réveillent ?
Malgré les efforts des secours qui ont repêché tous les occupants, le bilan est lourd : une mère et son nourrisson ont succombé à leurs blessures. Les autres passagers, gravement atteints, ont été évacués vers l’hôpital de Goma dans un état critique. L’épave gît toujours dans le lit de la rivière ce mercredi, sinistre témoin d’une infrastructure abandonnée.
Selon les services de transport locaux, une défaillance technique serait à l’origine de cet accident routier à Masisi. Mais les habitants de la chefferie de Bahunde pointent du doigt l’état déplorable du pont Kihira, véritable passoire sécuritaire. « Les garde-fous ont disparu depuis des mois », dénonce un habitant de Sake rencontré sur les lieux. « Chaque traversée devient une roulette russe, surtout la nuit quand les camions transportent le minerais vers Goma. »
Ce pont stratégique reliant les groupements Kamuronza et Mupfuni Shanga est pourtant vital pour toute la région. Des centaines de véhicules l’empruntent quotidiennement en provenance de Minova, Walikale ou Masisi, transportant marchandises et personnes. Sa détérioration progressive transforme chaque trajet en parcours du combattant. Comment expliquer qu’un axe aussi crucial soit laissé dans un tel état de délabrement ?
La colère monte parmi les populations locales qui réclament des travaux urgents. « Nos enfants meurent sur ce pont maudit », lance une commerçante de Rubaya, les larmes aux yeux. « L’an passé, trois motos ont basculé dans le vide au même endroit. Quand les autorités vont-elles enfin sécuriser nos routes ? » La question résonne comme un cri d’alarme dans tout le Nord-Kivu.
Cet accident mortel soulève des enjeux qui dépassent le simple drame routier. Il révèle l’abandon des infrastructures dans les zones minières, où le transport des minerais prime trop souvent sur la sécurité des citoyens. Le pont Kihira devient le symbole tragique d’une région riche en ressources mais pauvre en protection. Jusqu’à quand les vies humaines passeront-elles après les convois de coltan et de cassitérite ?
Alors que la saison des pluies approche, redoutable pour les chaussées déjà fragilisées, l’urgence est absolue. Les appels se multiplient pour une intervention immédiate des services provinciaux avant que de nouveaux corps ne viennent s’ajouter au funeste décompte. Dans cette partie du territoire de Masisi, chaque jour sans réparation creuse un peu plus le fossé entre une population livrée à elle-même et des autorités invisibles.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net