Le chef de l’État Félix Tshisekedi a planté le décor de la XIIe conférence des gouverneurs en inaugurant ce lundi à Kolwezi un impressionnant complexe administratif, symbole des ambitions affichées pour cette grand-messe provinciale. La salle de congrès flambant neuve, d’une capacité de 1500 places, accueillera dès ce mardi l’ensemble des gouverneurs et présidents d’assemblées provinciales, sous le regard attentif du Sénat et de plusieurs ministres du gouvernement central.
Placée sous le thème « la santé comme facteur de cohésion sociale et de développement durable des provinces », cette rencontre quadridimensionnelle dans le Lualaba interroge la capacité des administrations provinciales à transformer un concept théorique en politiques tangibles. Le président Tshisekedi, accueilli par une foule considérable, semble miser sur cette thématique fédératrice pour relancer une décentralisation souvent contrariée par les réalités budgétaires. Mais la santé peut-elle véritablement devenir le ciment de territoires aux besoins si disparates ?
L’ombre des résolutions non appliquées de Kalemie plane pourtant sur ces assises. Lors de la 11e session, les gouverneurs avaient pourtant formulé des propositions concrètes : révision du mode de scrutin pour les exécutifs provinciaux, assainissement des critères de nomination des administrateurs de territoires, ou encore régularisation du paiement des salaires. Des chantiers restés lettre morte, à l’image du programme PDL-145 territoires dont les infrastructures inachevées rappellent cruellement le fossé entre les déclarations d’intention et leur concrétisation.
L’insistance des gouverneurs sur « la nécessité d’une administration forte et efficace » sonne comme un aveu implicite des carences actuelles. Le nouveau bâtiment du gouvernorat de province inauguré à Kolwezi incarne-t-il cette nouvelle ère ou n’est-il qu’un écran de modernité masquant des dysfonctionnements structurels ? La question du financement récurrent des exécutifs locaux, évoquée dans les propositions de Kalemie, reste le serpent de mer de ces conférences où l’on célèbre le développement durable sans toujours en assurer les bases financières pérennes.
L’enjeu de cette conférence à Kolwezi dépasse donc largement le seul domaine sanitaire. Il s’agit ni plus ni moins d’une réconciliation entre le centre et les périphéries, entre les promesses de décentralisation et leur traduction opérationnelle. Le président Tshisekedi, en arbitre suprême de ces débats provinciaux, devra trancher une équation complexe : comment bâtir la cohésion sociale par la santé sans régler au préalable les fractures administratives et financières ? La réponse conditionnera la crédibilité même de ce rendez-vous institutionnel face aux populations du Lualaba et au-delà.
Alors que les travaux s’ouvrent dans la nouvelle salle des spectacles, capable d’accueillir plus de 1500 personnes, le contraste est saisissant entre l’ampleur des infrastructures et la modestie des avancées réelles depuis Kalemie. La délégation présidentielle parviendra-t-elle à transformer l’essai ou ces assises rejoindront-elles le long cortège des bonnes intentions non suivies d’effets ? L’administration provinciale, pierre angulaire de tout l’édifice, attend des actes concrets qui dépassent le symbole architectural.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
