Le spectre de l’exploitation pétrolière plane à nouveau sur le poumon vert de l’Afrique. La coalition Notre Terre Sans Pétrole (NTSP) a brandi un refus catégorique face au projet d’attribution de 52 blocs pétroliers dans la cuvette centrale congolaise, lors d’un point de presse incendiaire tenu ce lundi 9 juin à Kinshasa. Un cri d’alarme qui résonne comme un électrochoc dans un pays assis sur la deuxième plus grande forêt tropicale du monde.
Serge Ngimbi, coordonnateur de l’Initiative pour le développement local (IDEL/Boma), a dégainé les arguments face à ce qu’il qualifie de “pari suicidaire”. « La gouvernance défaillante du secteur des hydrocarbures en RDC transforme ce projet en bombe écologique à retardement », assène-t-il, la voix chargée d’une urgence palpable. Son constat est sans appel : le pays peut prospérer sans extraire le pétrole de son sous-sol. Les richesses naturelles congolaises, legs précieux des générations passées, valent bien plus que ces hydrocarbures éphémères.
La coalition met en lumière l’importance vitale du Bassin du Congo, ce géant vert dont la RDC détient les clés :
- 52% des forêts tropicales du bassin, véritables cathédrales de biodiversité
- 62% des réserves d’eau douce, source de vie pour des millions d’Africains
- Des tourbières stratégiques, piégeant 30 milliards de tonnes de carbone
Ces chiffres chocs dessinent les contours d’une économie verte bien plus rentable que l’or noir. « Comparons l’incomparable : l’avenant 9 signé avec Perenco a rapporté 40 millions de dollars en deux décennies, une misère face aux centaines de millions générés annuellement par nos forêts vivantes », martèle Ngimbi. La forêt en détresse rapporte plus debout que morte – une équation économique que Kinshasa semble ignorer.
Cette opposition à l’exploitation pétrolière en RDC prend racine dans un constat implacable : les forêts tropicales de la cuvette centrale valent leur pesant d’or écologique. La coalition NTSP, rassemblant plus de 150 organisations environnementales, tire la sonnette d’alarme sur les impacts économiques des hydrocarbures. Faut-il sacrifier cet héritage vert pour du pétrole qui enrichira quelques-uns au détriment de tous ? Les tourbières congolaises, ces éponges géantes qui régulent le climat planétaire, pourraient libérer l’équivalent de trois ans d’émissions mondiales de CO2 si perturbées.
La préservation du Bassin Congo n’est pas un choix mais une nécessité vitale. Chaque hectare de forêt sacrifié sur l’autel du pétrole signerait l’arrêt de mort de services écosystémiques inestimables : régulation des pluies agricoles, pharmacopée ancestrale, refuge d’espèces endémiques. Les conséquences climatiques dépasseraient largement les frontières nationales, faisant de cette bataille un enjeu planétaire.
Alors que les appels à la transition écologique se multiplient globalement, la RDC se retrouve à la croisée des chemins. La coalition NTSP prône une révolution des mentalités : et si la véritable richesse nationale ne gisait pas dans le sous-sol mais bien à sa surface ? Le modèle de développement congolais doit-il nécessairement passer par la fracturation de ce sanctuaire naturel unique ? La réponse fuse, claire et tranchante comme une machette de botaniste : l’avenir est vert, ou ne sera pas.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net
