Un drame familial a plongé Lukumbi dans l’horreur ce dimanche 9 juin. Vers 14 heures, dans ce village du groupement Wassa, territoire de Walikale, un milicien muzalendo ivre a retourné son arme contre son propre père. La balle a été fatale. L’homme est décédé sur le coup, sous les yeux de témoins médusés.
Selon plusieurs sources concordantes, le meurtrier manipulait son arme après avoir consommé une quantité importante d’alcool. L’arme a parlé dans un geste apparemment involontaire. Mais le résultat fut implacable : un père tué par son fils, dans une scène de violence absurde qui a immédiatement enflammé les esprits.
La réaction populaire ne s’est pas fait attendre. Pris d’une colère collective, les habitants de Lukumbi se sont saisis du milicien ivre. Une justice expéditive s’est abattue sur lui. Fouetté sans relâche par la foule en furie, le jeune homme a succombé à son tour sous les coups. Deux vies emportées en quelques heures, deux corps enterrés dans la même soirée. Une spirale mortelle caractéristique de ces zones où la loi du talion prime souvent sur l’État de droit.
La société civile locale a vivement condamné ce double drame. Son porte-parole a dénoncé avec fermeté le recours à la justice populaire, tout en pointant le vrai coupable : la prolifération incontrôlée des armes. « Des personnes non formées manipulent quotidiennement des engins de mort », a-t-il martelé. Chaque arme entre des mains incompétentes représente une bombe à retardement. Combien de drames similaires faudra-t-il encore déplorer avant une action décisive ?
Un appel urgent a été lancé au Programme de Désarmement, Démobilisation, Réinsertion et Réinstallation des Combattants et Soutiens (PDDRC-S). Les activistes exigent une accélération immédiate des opérations de désarmement dans le Nord-Kivu. Le retrait des armes illégales circulant parmi les civils et miliciens devient une question de survie. La situation à Walikale symbolise un problème national : comment briser ce cycle infernal où l’arme alimente la vengeance et la violence spontanée ?
Ce meurtre suivi de lynchage illustre la déliquescence sécuritaire dans ces territoires oubliés. L’ivresse, l’accès facile aux armes à feu et l’absence d’autorité judiciaire forment un cocktail explosif. Les communautés, lassées de l’inaction, prennent la loi en main au mépris des procédures légales. Pourtant, chaque justice populaire sape davantage les fondements de l’État. Le PDDRC-S parviendra-t-il à désarmer à temps ces poudrières humaines ? La réponse déterminera le nombre de futurs morts dans une région où la vie semble parfois si peu compter.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd