La liberté de la presse sportive en RDC vient de subir un coup dur ! Willy-Albert Kande et Marcelin Mwananteba, figures emblématiques du desk sport de la Radio Télévision Nationale Congolaise (RTNC), ont été interpellés ce lundi 9 juin 2025 par la Police nationale. Leur crime ? Avoir osé pointer du doigt l’état déplorable du mythique Stade des Martyrs lors d’une émission en direct. Une interpellation de journalistes sportifs en RDC qui fait tache à quelques semaines du choc RDC-Sénégal.
Retour sur le terrain miné. Dimanche 8 juin, pendant la retransmission du match amical opposant les Léopards à Madagascar (victoire 3-1), Kande lance une charge frontale contre l’insalubrité du temple du football congolais. Les caméras balayent alors les tribunes : montagnes de sachets plastiques, détritus accumulés, sanitaires impraticables. « Comment peut-on accueillir des équipes internationales dans un tel cloaque ? » tonne le présentateur, soutenu par l’analyse sans concession de Mwananteba. L’antenne publique devient miroir d’une vérité qui dérange.
Vingt-quatre heures plus tard, c’est l’hallali. Convoqués pour « trouble à l’ordre public », les deux journalistes subissent un interrogatoire marathon. Si Marcelin Mwananteba est finalement relâché, Willy Kande, lui, passe la nuit derrière les barreaux. Son avocat s’insurge : « On criminalise le journalisme d’investigation sportive ! » La nouvelle fait l’effet d’un carton rouge sur les réseaux sociaux où le hashtag #FreeWillyKande devient viral.
Cette arrestation de Willy Kande à Kinshasa soulève un banc de questions. Pourquoi cibler les messagers plutôt que les responsables de la gestion du stade ? Depuis des mois, la presse kinoise alerte sur l’insalubrité chronique du Stade des Martyrs. Gédé Luiz Kupa, confrère sportif, fulmine sur Facebook : « À deux mois des éliminatoires de la Coupe du Monde 2026, on emprisonne ceux qui sonnent l’alarme au lieu de nettoyer les gradins ! » La RTNC, par ce geste, signe-t-elle un autogoal médiatique ?
Le timing est lourd de sens. Alors que la RDC s’apprête à affronter le Sénégal dans ce même stade pour les qualifications mondiales, cette affaire de censure à la RTNC jette une ombre sur la préparation. La Fédération des Journalistes Sportifs monte au créneau, exigeant la libération immédiate de Kande. « Dénoncer l’insalubrité, c’est servir le sport national ! » clame son président. Dans les couloirs du ministère des Sports, le silence reste assourdissant.
Cette interpellation fait résonner un malaise profond. Quand un stade qui porte le nom des Martyrs devient symbole de négligence, et que ceux qui le dénoncent finissent en garde à vue, que reste-t-il de la liberté de presse sportive en RDC ? Le ballon rond congolais mérite-t-il des tribunes poubelles et des journalistes bâillonnés ? Alors que les projecteurs se braquent sur Kinshasa pour le match phare contre le Sénégal, les autorités jouent leur crédibilité. Nettoieront-elles seulement les vestiaires… ou aussi cette tache sur l’image du pays ?
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: Eventsrdc
