Le gouvernement congolais a décrété une offensive judiciaire sans précédent contre la criminalité à Kinshasa, comme l’a révélé ce lundi 9 juin Samuel Mbemba, vice-ministre de la Justice chargé du contentieux international. Lors d’un point de presse solennel, l’autorité judiciaire a exposé les instructions présidentielles issues de la 46ème réunion du Conseil des ministres, mandatant une riposte implacable face à la résurgence des braquages et vols à main armée paralysant la capitale.
« Nous venons de transmettre aux magistrats des parquets des directives impératives », a déclaré Samuel Mbemba, détaillant un triple dispositif d’urgence. Première mesure phare : le durcissement immédiat des poursuites pénales contre les auteurs de braquages, selon le principe que « la force doit demeurer à la loi ». Cette approche s’accompagne d’une innovation procédurale majeure : l’organisation d’audiences foraines et publiques, destinées à juger sur place les bandits interpellés dans le cadre d’une justice visible et expéditive.
Troisième pilier de cette stratégie : le transfèrement systématique des criminels condamnés vers des établissements pénitentiaires situés en dehors de Kinshasa. Cette mesure radicale, rarement déployée à telle échelle, vise explicitement à briser les réseaux criminels en les éloignant de leur base opérationnelle. Comment en effet contenir la recrudescence des attaques armées lorsque les auteurs présumés demeurent incarcérés dans leur fief ?
Le contexte justifie cette escalade judiciaire. Depuis janvier, Kinshasa subit une vague de criminalité inédite, avec des braquages perpétrés en plein jour contre des supermarchés, maisons de change et même des institutions publiques. La semaine dernière, l’université de Kinshasa (UNIKIN) fut prise d’assaut par des bandits armés qui ont extorqué des commerçants sous une pluie de balles tirées en l’air, illustrant l’audace croissante de ces groupes.
Face à cette situation explosive, Samuel Mbemba a lancé un double appel. Aux Kinois, il demande une vigilance accrue et la dénonciation de tout comportement suspect. Aux criminels, il adresse un avertissement sans ambiguïté : « La justice sera sévère et sans état d’âme ». Ce discours martial souligne la détermination des autorités à recourir à tous les instruments légaux disponibles.
Les audiences foraines, dispositif exceptionnel, permettront de juger rapidement les dossiers de braquage dans les zones les plus touchées. Cette judiciarisation de proximité répond autant à un impératif de dissuasion qu’à une nécessité de désengorgement des tribunaux traditionnels. Parallèlement, les parquets ont reçu instruction d’activer les procédures de transfèrement vers des prisons de l’intérieur du pays, mesure destinée à isoler les détenus dangereux de leurs complices présumés encore en liberté.
Cette offensive judiciaire interroge sur l’efficacité des dispositifs antérieurs de lutte contre la criminalité dans la capitale congolaise. Les magistrats devront désormais composer avec une marge de manœuvre réduite dans l’exercice des poursuites, les instructions gouvernementales limitant strictement les alternatives aux sanctions maximales. Quelles seront les conséquences de cette judiciarisation accélérée sur le respect des droits de la défense ? La promesse d’une justice expéditive tiendra-t-elle compte des garanties procédurales fondamentales ?
La prochaine phase consistera en la mise en œuvre concrète de ces directives par les parquets de Kinshasa, sous le contrôle direct du ministère de la Justice. L’efficacité de ce plan choc contre les braquages se mesurera à l’aune d’un indicateur implacable : la baisse tangible des attaques armées dans les artères de la capitale congolaise. L’opinion publique, exaspérée par l’insécurité grandissante, attend désormais des actes à la hauteur des annonces.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd