Une situation alarmante secoue le territoire de Lubero, au Nord-Kivu. Plus de cinq cents combattants présumés mineurs sont actuellement enrôlés dans des groupes armés locaux, selon l’organisation Solidarité pour la promotion d’actions au développement (SOPROAD RDC). Le coordonnateur Jean-Pierre Kakule Kavaketi a tiré la sonnette d’alarme ce dimanche 8 juin, révélant des chiffres qui glacent le sang.
Comment en est-on arrivé à cette escalade ? Les investigations menées par SOPROAD établissent que 584 enfants soldats sont impliqués dans des milices existantes. Pire encore, 111 autres se seraient constitués en groupes armés autonomes dans plusieurs villages. « Certains enfants, laissés à eux-mêmes, se sont auto-réunifiés pour former leurs propres milices », a déclaré Kakule, qualifiant cette tendance de profondément inquiétante.
Le recrutement de groupes armés à Lubero illustre l’échec des engagements pris. Les leaders de ces factions avaient pourtant promis de cesser l’exploitation des mineurs. Force est de constater que leurs paroles restent lettre morte. Mais qui porte réellement la responsabilité de cette tragédie ? Le coordonnateur de SOPROAD pointe un double échec : « Ce qui bloque la sortie de ces enfants des forces et groupes armés, c’est notamment le faible engagement des responsables de ces groupes, mais aussi le manque d’actions concrètes de la part des agences de protection de l’enfant ».
Face à cette crise de protection enfance conflit, des solutions urgentes s’imposent. L’activiste préconise un renforcement immédiat de la sensibilisation auprès des chefs des milices enfants Congo et des victimes elles-mêmes. Il insiste sur la nécessité de développer des stratégies communautaires pour endiguer le recrutement forcé. Des mécanismes locaux pourraient-ils briser ce cycle infernal ?
La situation au Nord-Kivu exige une réaction coordonnée. SOPROAD RDC appelle les autorités congolaises et les partenaires internationaux à déployer des mesures tangibles. Car chaque jour perdu signifie de nouveaux enfants soldats arrachés à leur innocence. Sans intervention rapide, la spirale de la violence risquerait d’engloutir une génération entière. Le temps est-il compté pour ces centaines d’âmes piégées par les kalachnikovs ?
Le bilan est sans appel : près de sept cents mineurs transformés en instruments de guerre. Ce chiffre macabre souligne l’urgence de restructurer les programmes de démobilisation. Les mécanismes actuels de protection enfance conflit ont montré leurs limites face à l’ampleur du phénomène. Une approche intégrée, mêlant pression sur les groupes armés et alternatives économiques pour les communautés, pourrait-elle inverser la courbe ?
Alors que le soleil se lève sur Lubero, des centaines d’enfants soldats préparent peut-être une nouvelle journée de combat. Leur enfance volée crie justice, et l’inaction des adultes résonne comme une trahison. La communauté internationale entend-elle cet appel désespéré ? L’heure n’est plus aux constats, mais à l’action décisive pour sauver ces vies sacrifiées sur l’autel des conflits armés.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net