Des délégations gouvernementales congolaises et des représentants de l’AFC/M23 sont actuellement réunis à Doha. Sous médiation qatarie, les parties affirment vouloir «œuvrer à la conclusion d’une trêve». Cette nouvelle tentative diplomatique intervient dans un paysage sécuritaire fragmenté où plusieurs initiatives peinent à endiguer la crise.
Le Qatar rejoint ainsi une mosaïque d’acteurs internationaux engagés dans la résolution du conflit. Les États-Unis ont récemment facilité la signature d’une déclaration de principes entre la RDC et le Rwanda. Thérèse Kayikwamba Wagner et Olivier Nduhungirehe ont scellé cet accord sous l’œil du secrétaire d’État Marco Rubio. L’objectif affiché : promouvoir la paix et le développement économique dans la région des Grands Lacs.
Pourtant, les défis persistent. Les processus de Nairobi et Luanda, lancés dès 2021, illustrent la complexité des négociations. Le premier combine dialogue politique inclusif et déploiement militaire régional. Le second exige spécifiquement le retrait du M23 des zones occupées et la cessation des soutiens extérieurs. Combien de temps faudra-t-il avant que ces feuilles de route ne produisent des effets concrets sur le terrain ?
La sphère politique congolaise résonne de prises de position divergentes. L’ancien président Joseph Kabila a effectué une visite remarquée à Goma, ville sous contrôle rebelle. Martin Fayulu, opposant de longue date, a quant à lui rencontré Félix Tshisekedi pour former un «camp de la patrie». Ces mouvements surviennent alors que la violence continue de provoquer des déplacements massifs de populations.
Parallèlement, les acteurs religieux apportent leur contribution. L’initiative conjointe de la CENCO et de l’Église du Christ au Congo propose un «Pacte social pour la paix». Corneille Nangaa, coordinateur du M23, a été approché dans le cadre de ces consultations. Les religieux plaident notamment pour l’ouverture immédiate de couloirs humanitaires.
Si la multiplicité des initiatives paix Est RDC témoigne d’une mobilisation internationale, elle révèle aussi des coordinations fragiles. Le processus Nairobi Luanda peine à s’imposer comme cadre unificateur. Les accords signés restent souvent lettre morte face aux réalités militaires. Les populations de l’Est continuent de payer le prix fort de cette instabilité chronique.
Les discussions actuelles à Doha représentent-elles un tournant décisif ? La médiation Qatar M23 pourrait ouvrir une nouvelle voie. Mais l’histoire récente montre que les cessez-le-feu négociés se heurtent rapidement aux réalités du terrain. L’acheminement de l’aide humanitaire et le retour des déplacés constituent désormais des impératifs non-négociables.
Le dialogue Grands Lacs reste la clé de voûte d’une paix durable. Sans coopération régionale effective, les initiatives se succéderont sans résoudre la crise structurelle. Les prochains jours apporteront des indicateurs cruciaux sur la volonté réelle des belligérants d’engager un processus irréversible vers la paix.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd