Imaginez des rivières où l’eau disparaît sous un tapis de bouteilles et de sachets plastiques. Cette vision cauchemardesque est la réalité quotidienne du Kongo Central, où la pollution plastique étouffe progressivement les cours d’eau, déclenchant une catastrophe écologique en cascade. Les filets des pêcheurs remontent davantage de déchets que de poissons, tandis que les espèces marines ingèrent ces matières synthétiques mortelles. Une crise silencieuse qui mine l’équilibre environnemental de toute la région.
Lors d’un panel scientifique organisé à Boma dans le cadre de la Journée mondiale de l’environnement, Apollinaire Nsoka Ngimbi, coordonnateur de l’ONG Initiative pour le développement local (IDEL), a tiré la sonnette d’alarme. Les déchets dans les rivières RDC, particulièrement visibles près des centres urbains comme Kinshasa, Matadi et Muanda, forment désormais des barrières flottantes qui asphyxient les écosystèmes aquatiques. « Les pêcheurs luttent contre des montagnes de bouteilles plastiques qui recouvrent entièrement leurs filets », révèle-t-il, soulignant que cette pollution plastique au Kongo Central atteint des niveaux critiques.
Les conséquences sur la biodiversité marine Congo sont déjà tangibles. Des études locales ont observé des poissons avec des fragments de plastique dans leur système digestif, signe avant-coureur d’un effondrement de la chaîne alimentaire. Comment cette hécatombe silencieuse affecte-t-elle les populations côtières ? La pêche affectée par la pollution n’est plus une menace abstraite mais une réalité économique brutale : moins de prises, des filets endommagés, et des revenus en chute libre pour des communautés entières dépendantes des ressources halieutiques.
Cette catastrophe écologique dépasse largement les seuls enjeux locaux. Les océans, véritables poumons bleus de notre planète, absorbent près de 30% du CO2 émis. Or, la dégradation de la biodiversité marine compromet cette fonction vitale de puits de carbone, accélérant le changement climatique dans toute l’Afrique centrale. Les déchets rivières RDC ne sont donc pas qu’un problème esthétique : ils sabotent notre première ligne de défense contre le réchauffement global.
Face à cette urgence, l’expert propose des solutions chocs lors de la journée environnement Boma : instaurer une taxation lourde sur la production et la consommation de plastique. « Une mesure dissuasive s’impose pour briser le cycle infernal de cette pollution », insiste Nsoka Ngimbi. Sans action gouvernementale immédiate, c’est tout l’écosystème du bassin du Congo qui risque l’effondrement. La Journée mondiale de l’environnement aura-t-elle servi de déclic ? L’avenir des générations congolaises se joue aujourd’hui dans le combat contre ces déchets envahissants.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net