Dans un contexte où la régularité des salaires des agents publics demeure un défi structurel, le Comité de suivi de la paie (CSP) a orchestré un atelier décisif les 5 et 6 juin sous l’égide du vice-Premier ministre de la Fonction publique, accompagné des ministres des Finances et du Budget. Cette concertation aboutit à la validation d’un plan d’action paie RDC 2025 ambitieux, censé redéfinir la gestion de la paie des agents publics sur l’ensemble du territoire national.
Élaboré à partir des conclusions des missions provinciales de décembre 2023 et des recommandations de l’atelier sur la bancarisation, ce document stratégique articule trente objectifs opérationnels autour de trois piliers fondateurs. Le premier vise la proximité de la paie pour les fonctionnaires, le second l’amélioration des procédures administratives, tandis que le troisième consolide les assises juridiques et techniques du dispositif. Une architecture qui, sur le papier, promet de rationaliser un système historiquement érodé par les dysfonctionnements.
L’ambition affichée frappe par son étendue géographique : le gouvernement entend garantir le versement des salaires des fonctionnaires de l’État jusque dans les zones sous emprise rebelle, notamment au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, où l’AFC/M23 défie l’autorité de Kinshasa. Yannick Isasi Ndelo, vice-président du CSP, confirme que des « travaux sont en cours » pour assurer la continuité des paiements dans ces régions instables. Mais cette promesse soulève une interrogation majeure : comment le Comité suivi paie CSP compte-t-il tisser ce filet administratif dans des territoires où l’État peine à imposer sa souveraineté ?
L’atelier a réuni opérateurs de paie et représentants des services utilisateurs, tous soulignant l’urgence d’une implémentation rapide. Le pari des solutions digitales apparaît comme le levier principal pour contourner les obstacles sécuritaires, transformant la paie dans les zones rebelles du Nord-Kivu en laboratoire technocratique. Reste à savoir si cette virtualisation pourra suppléer l’absence physique de l’administration dans l’Est congolais. Alors que le calendrier d’exécution vient d’être fixé, la crédibilité du plan repose désormais sur sa traduction concrète – une gageure dans un pays où les feuilles de route gouvernementales ont souvent buté contre les réalités du terrain.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net