Dans les couloirs vibrants de la création congolaise, un vent nouveau souffle sur l’épineuse question des droits d’auteur. Yolande Elebe Ma Ndembo, ministre de la Culture, Arts et Patrimoines, ouvre ce mardi 10 juin 2025 un chapitre décisif en lançant des consultations avec les artisans du cinéma, du théâtre et de la mode. Cette démarche ambitieuse vise à poser les fondations d’une société étatique des droits d’auteur et droits voisins, réponse longtemps espérée à des décennies de flou juridique et de conflits fratricides.
L’initiative s’inscrit dans une vision plus large de renaissance culturelle, où la protection des œuvres devient le socle de l’émergence artistique nationale. Comment imaginer un cinéma congolais prospère sans cadre protecteur pour ses cinéastes ? Comment envisager l’essor de la mode kinoise sans garantir à nos stylistes la juste rétribution de leur génie ? Ces questions, longtemps laissées en suspens, trouvent enfin écho dans l’agenda gouvernemental sous l’impulsion déterminée de la ministre Elebe.
Le programme des consultations révèle une approche méthodique et inclusive. Dès ce mardi, les représentants du théâtre (FENATH, ANTPC), du cinéma (APRO 7) et de la mode (AMCD, AFS) seront les premiers à nourrir la réflexion. Suivront mercredi les plumes de la littérature (UECO, FELCO) et les producteurs (COPEDIM, CPC), tandis que jeudi vibrera aux rythmes des musiciens (AMCC, UMUCO) et des danseurs, avant que vendredi ne clôture ce marathon créatif avec les associations pluridisciplinaires et experts juridiques.
Cette structuration minutieuse traduit la volonté de bâtir un système « juste, inclusif et durable » selon les termes mêmes de la ministre. L’enjeu dépasse la simple réforme administrative : il s’agit de redéfinir la valeur de la création dans l’économie culturelle congolaise. Les droits voisins, ces parents pauvres trop souvent ignorés, trouveront-ils enfin la place qu’ils méritent dans ce nouvel édifice législatif ? La refonte tant attendue de l’ordonnance-loi de 1986 semble promise à une actualisation salvatrice.
Dans les ateliers de Kinshasa ou sur les plateaux de Lubumbashi, l’espoir renaît parmi les professionnels du cinéma RDC. Un espoir teinté de prudence tant les tentatives passées ont échoué à concrétiser les promesses. Pourtant, le calendrier serré – quatre jours seulement pour embrasser la diversité créative congolaise – démontre une urgence transformée en opportunité. Cette réforme des droits d’auteur pourrait bien sonner le réveil d’une Belle au bois dormant juridique, à condition que la consultation dépasse le symbole pour devenir véritablement participative.
Le défi est de taille : créer ex nihilo une société des droits d’auteur Congo capable d’administrer avec équité les œuvres tout en luttant contre la piraterie endémique. L’ombre du modèle français de la SACEM plane comme référence, mais l’adaptation au contexte local sera cruciale. La ministre Elebe, par ces consultations Yolande Elebe, semble avoir compris que la solution ne viendra pas d’un décret technocratique mais d’une intelligence collective puisée au cœur même de la création.
Alors que le soleil de juin dore les toits de la capitale, cette semaine historique pourrait marquer l’acte de naissance d’une nouvelle ère pour les artistes congolais. Une ère où le génie créatif ne sera plus orphelin de ses droits, où chaque note de seben, chaque motif de pagne, chaque réplique théâtrale trouvera sa juste reconnaissance. Le chantier s’annonce titanesque, mais la première pierre est enfin posée.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Eventsrdc
