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CEEAC : le Rwanda écarté de la présidence tournante, Kigali annonce son retrait

Dans un geste sans précédent, les chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) ont refusé samedi 7 juin 2025 au Rwanda sa présidence tournante, invoquant son implication dans la déstabilisation de l’Est de la République démocratique du Congo. Réunis à Sipopo en Guinée équatoriale lors du 26e sommet ordinaire, ils ont prolongé d’un an le mandat du président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, actant une rupture majeure au sein de l’organisation régionale.

Le communiqué final est sans équivoque : « La Conférence a différé le passage de la présidence à la République du Rwanda » en raison des « initiatives relatives à la résolution du conflit entre [la RDC] et le Rwanda ». Cette décision sanctionne explicitement le soutien de Kigali à la rébellion du M23, responsable selon la CEEAC de violences récurrentes dans le Nord-Kivu. L’organisation a réitéré son exigence d’un « retrait immédiat des Forces de défense rwandaises du territoire congolais », renvoyant aux résolutions du sommet extraordinaire de Malabo en février 2025.

Comment comprendre ce blocage institutionnel ? Les tensions couvaient depuis des mois. Deux réunions en huis clos organisées à Malabo le 4 juin n’avaient pu aplanir les divergences. Une source proche du dossier révèle que Kinshasa menaçait de quitter la CEEAC si Kigali obtenait la présidence. Le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, a salué cette « réaction inédite », affirmant sur X : « Le narratif mensonger et les actions souterraines du Rwanda ne pourront jamais prendre le dessus sur la vérité ».

La riposte rwandaise fut foudroyante. Quelques heures après l’annonce, Kigali a notifié son retrait de la CEEAC, dénonçant une « instrumentalisation » par la RDC avec « le soutien de certains États membres ». Dans un communiqué cinglant, le gouvernement accuse l’organisation d’avoir « délibérément ignoré » le droit à la présidence tournante stipulé dans l’article 6 de son traité fondateur. « Le silence après notre exclusion du sommet de Kinshasa en 2023 confirme l’échec de la CEEAC à respecter ses propres règles », a-t-il déploré.

Cette crise éclate dans un contexte sécuritaire explosif. Depuis 2022, la CEEAC multiplie les condamnations contre le M23, qualifiant ses offensives d’« illégales » et pointant régulièrement le soutien rwandais. En février 2025, elle exigeait déjà le retrait des troupes de Kigali du sol congolais, tout en réaffirmant son appui aux processus de paix de Luanda et de Nairobi. Mais ces appels sont restés lettre morte, comme en témoigne la recrudescence récente des combats autour de Goma.

Quelles conséquences pour l’architecture régionale ? Le retrait rwandais fragilise durablement la CEEAC, déjà minée par des dissensions internes. Certains observateurs redoutent un effet domino, la RDC ayant elle-même brandi la menace d’une sortie. Le sommet de Sipopo 2025, censé incarner l’unité africaine, révèle au contraire les fractures béantes de la région. Alors que les initiatives diplomatiques patinent, la militarisation croissante de l’Est congolais laisse présager une escalade dangereuse. La communauté internationale devra-t-elle intervenir pour empêcher l’embrasement total de l’Afrique centrale ? La question se pose avec une acuité nouvelle depuis cette rupture historique.

Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd

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