Le Président Félix Antoine Tshisekedi a marqué l’ouverture de la 46e réunion ordinaire du Conseil des ministres ce vendredi 6 juin 2025 par un geste protocolaire sans précédent. Dans l’enceinte solennelle de la Cité de l’Union africaine, il a décerné à Thérèse Kayikwamba Wagner, ministre d’État des Affaires étrangères, le titre de “vraie héroïne” de la diplomatie congolaise. Ce qualificatif, inhabituel dans le registre présidentiel, souligne l’impact décisif de son action face à la crise sécuritaire qui mine l’Est du pays.
Comment expliquer une telle reconnaissance publique ? Les analystes y voient la réponse directe aux tensions persistantes avec le Rwanda, accusé de soutenir le groupe M23-AFC. Le chef de l’État a martelé : “Instructions données, résultats obtenus”, mettant en lumière les avancées obtenues sous la direction de Mme Wagner. Ces mots résonnent comme un aveu stratégique : derrière les crises frontalières, une bataille diplomatique acharnée se joue sur la scène internationale.
Le contexte géopolitique éclaire cet éloge. Alors que Kinshasa intensifie son plaidoyer auprès de l’ONU et de l’Union africaine, des sources diplomatiques confirment un tournant majeur. Plusieurs membres influents du Conseil de sécurité de l’ONU ont récemment durci leur position contre Kigali, tandis que des partenaires historiques de la RDC, jadis réservés, affichent désormais un soutien renforcé. Cette évolution traduit l’efficacité de la diplomatie congolaise dans la capitalisation des preuves d’agression.
Les succès concrets s’accumulent : sous l’impulsion de Thérèse Kayikwamba Wagner, la RDC a décroché la vice-présidence de la 80e session de l’Assemblée générale des Nations Unies et surtout, un siège non permanent au Conseil de sécurité pour 2026-2027. Ces victoires symbolisent un rayonnement retrouvé après des années d’isolement relatif. Elles offrent surtout une tribune cruciale pour documenter les violations frontalières et mobiliser des sanctions contre les soutiens aux milices.
Au-delà de la personne, cet hommage présidentiel constitue un message politique calculé. À l’approche d’enjeux multilatéraux décisifs pour l’intégrité territoriale congolaise, Félix Tshisekedi récompense la loyauté tout en consolidant son front diplomatique. La qualification d'”héroïne” n’est pas anodine : elle légitime l’offensive juridique et politique contre Kigali tout en préparant l’opinion à de possibles escalades. Dans le grand échiquier des Grands Lacs, où chaque parole pèse, cette reconnaissance publique agit comme un levier pour galvaniser les appuis internationaux.
Reste une question essentielle : cette dynamique diplomatique suffira-t-elle à inverser la donne sécuritaire ? Si les avancées à New York sont indéniables, leur traduction sur le terrain militaire à l’Est demeure le véritable test. Le défi pour la diplomatie congolaise sera désormais de transformer ces soutiens politiques en mécanismes concrets de protection des populations civiles et de sanction des agresseurs. Le prochain Conseil des ministres pourrait bien révéler la feuille de route.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net
