Dans un coup de tonnerre médiatique, le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC) a décrété la suspension conservatoire de toute couverture des activités du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) sur l’ensemble du territoire national. Une décision d’une portée inédite, intervenue ce vendredi 6 juin, qui suscite immédiatement la levée de boucliers de l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC).
Par la voix de son président Kamanda Wa Kamanda Muzembe, l’UNPC fustige sans ambages cette mesure de régulation médias qu’elle qualifie de « dérive autoritaire d’une régulation solitaire ». Dans un communiqué cinglant, l’organisation soulève des interrogations fondamentales sur la légitimité même du CSAC à empiéter sur un champ aussi sensible. La suspension médiatisation PPRD apparaîtrait-elle comme un précédent dangereux dans la régulation médias autoritaire qui guetterait la RDC ?
L’UNPC rappelle avec force que la régulation des médias doit s’ancrer dans une philosophie garantissant la liberté de presse Congo, socle intangible de toute démocratie. « Le rôle de la régulation ne saurait consister à embrigader les médias ou entraver les journalistes dans leur mission de conscience critique », tonne le communiqué UNPC, martelant que ces derniers demeurent les historiens indispensables du présent. Une alerte solennelle alors que la mesure du CSAC RDC semble bafouer l’article 24 de la Constitution congolaise consacrant le droit du public à l’information.
Le timing de cette décision interroge autant que son fond. Alors que les autorités appellent à l’unité nationale face aux défis sécuritaires, l’UNPC s’étonne de cette volonté de transformer les journalistes en boucs émissaires : « Pourquoi assimiler les médias à des porteurs d’armes alors que le pays recherche la cohésion ? » Cette question rhétorique souligne l’absurdité d’une mesure qui, sous couvert de préservation de l’ordre public, risque d’exacerber les tensions.
L’appel à la lucidité lancé au CSAC résonne comme un ultime avertissement. L’UNPC, gardienne vigilante de la liberté presse Congo, refuse de livrer la profession « à la furie d’une régulation solitaire » et exige le respect du rôle démocratique fondamental des médias. Dans un subtil équilibre, l’organisation enjoint parallèlement ses confrères à redoubler de rigueur professionnelle, les exhortant à privilégier l’amour de la patrie et la défense territoriale dans leur traitement de l’actualité. Une position nuancée qui évite tout manichéisme tout en maintenant la pression sur une institution dont l’indépendance semble vaciller.
Cette crise ouvre un chapitre déterminant pour l’avenir de l’espace médiatique congolais. Le CSAC parviendra-t-il à corriger ce qui s’apparente à un abus de pouvoir régulateur ? Ou cette suspension de 90 jours marquera-t-elle l’entrée dans une ère de contrôle accru des contenus politiques ? La réaction des autres acteurs de la société civile et la résilience des rédactions face à cette pression institutionnelle dessineront les contours de la réponse.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net