La baie de Ngaliema, poumon vert étouffé par le béton, vient d’obtenir son statut de sanctuaire écologique. En ce 5 juin, Journée mondiale de l’environnement, la ministre Ève Bazaiba a brandi l’arrêt de mort des constructions illégales qui défigurent ce refuge vital pour hippopotames et espèces aquatiques. Une décision historique qui tombe comme un couperet : dès samedi, les bulldozers entameront la démolition des bâtiments anarchiques colonisant les berges du fleuve Congo.
« Cette sanctuarisation s’inscrit dans notre combat contre le réchauffement climatique », a martelé la ministre, désignant les 15 hectares de zones humides transformées en chantiers sauvages. Un écosystème unique, véritable nurserie aquatique, sacrifié sur l’autel de l’urbanisation galopante. Les palmiers malebo, emblèmes de Kin Malebo aujourd’hui au bord de l’extinction, pourraient renaître grâce à un vaste projet de reboisement combinant essences locales et exotiques.
Derrière l’urgence écologique se cache un drame récurrent : les tentatives de spoliation. Jean-Philippe Waterschoot de Texaf révèle le combat mené depuis 2017 contre les accapareurs. « Malgré notre partenariat public-privé et l’interdiction formelle de construire, des intrusions illégales ont fracturé ce sanctuaire en 2022 », dénonce-t-il. La pollution plastique et le bétonnage sauvage ont transformé cette frayère naturelle en zone sinistrée.
La riposte s’organise. Le ministre provincial de Kinshasa a confirmé l’offensive imminente contre les bâtisses illicites. Cette opération choc s’inscrit dans la campagne provinciale contre l’occupation des zones inondables. « Chaque mètre carré volé à la nature accélère la disparition de notre biodiversité », a rappelé Bazaiba, plantant symboliquement trois palmiers malebo sous les regards des officiels.
Cette bataille pour la baie Ngaliema cristallise-t-elle le réveil écologique congolais ? La protection de ce joyau naturel représente bien plus qu’un enjeu local. En restaurant ce corridor biologique, Kinshasa redore son identité de ville-rivière tout en créant un bouclier contre les dérèglements climatiques. Mais le compte à rebours est lancé : les pelleteuses devront trancher dans le vif du béton avant que les derniers hippopotames ne désertent ce refuge millénaire.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: Actualite.cd