Kinshasa a été le théâtre jeudi dernier d’un lancement stratégique pour la région des Grands Lacs. Sous l’égide du ministère des Affaires étrangères congolais, deux projets transfrontaliers RDC-Ouganda ont été officiellement inaugurés lors d’un atelier technique réunissant les acteurs clés de cette coopération bilatérale. Ces initiatives, dotées d’un financement UE RDC substantiel de 25 millions de dollars, incarnent une avancée majeure dans la stabilisation des zones frontalières souvent fragilisées par les conflits.
Pilotés par l’OIM coopération transfrontalière, ces projets baptisés “Renforcement de la coopération transfrontalière, de la stabilisation et de la résilience des frontières” et “Frontières pacifiques et résilientes” présentent des objectifs complémentaires. Le premier se concentre sur la sécurisation des flux migratoires et la libre circulation des personnes, tandis que le second œuvre à moderniser les infrastructures de transport. Une démarche qui vise explicitement à réduire les coûts logistiques paralysants et à dynamiser le commerce transfrontalier Afrique.
Alexandre Simpson, cheffe de mission de l’OIM en RDC, souligne l’impact multidimensionnel de ce programme : “L’idéal pour nous est de réunir les deux gouvernements pour faciliter des discussions techniques ayant un impact tangible sur le terrain. Ces projets permettront aux populations de circuler et commercer en sécurité, créant ainsi les bases d’une prospérité partagée”. Cette approche participative inclut les ministères sectoriels et la société civile des deux nations, garantissant une appropriation locale des solutions.
Le choix stratégique de la province de l’Ituri comme zone pilote n’est pas fortuit. Cette région frontalière cristallise à la fois les défis sécuritaires et les opportunités économiques de la sous-région. La stabilisation frontière Ituri constitue donc un enjeu central pour les deux projets. “Nous avons la capacité d’aider ces populations à bâtir une zone de paix entre deux voisins historiquement amicaux”, précise Mme Simpson. Un pari audacieux dans une province régulièrement secouée par des violences communautaires.
Comment transformer ces investissements en résultats concrets ? Les mécanismes prévoient notamment la réhabilitation des postes-frontières, la formation des agents aux procédures douanières modernisées et la création de corridors commerciaux sécurisés. Ces dispositifs répondent aux criants besoins des petits commerçants qui subissent quotidiennement les lourdeurs administratives et les risques sécuritaires. L’amélioration des infrastructures routières secondaires devrait particulièrement bénéficier aux producteurs agricoles isolés.
L’atelier de Kinshasa a permis d’établir un calendrier opérationnel impliquant directement les administrations territoriales de l’Ituri et du Nord-Ouganda. Cette coopération inédite pourrait servir de modèle pour d’autres zones frontalières instables en Afrique centrale. Les observateurs soulignent toutefois les défis persistants : la porosité des frontières, la persistance des groupes armés et la méfiance historique entre communautés transfrontalières nécessiteront un suivi rigoureux. L’UE et l’OIM misent sur un effet domino : une frontière pacifiée générant une croissance économique inclusive, elle-même consolidant la stabilité régionale.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
