La commune rurale de Lukalaba, dans le territoire de Tshilenge, est sous le choc après un épisode tragique de justice populaire. Ce mardi 4 juin, deux personnes accusées de vol ont été sauvagement lynché puis brûlées vives par des habitants lors d’une patrouille de vigilance communautaire. Le quartier Kalombo wa Mpunga, habituellement paisible, s’est transformé en scène de violence incontrôlée.
Roger Kasonga Kalamba, bourgmestre de Lukalaba, confirme avec amertume les faits à notre rédaction : “Les voleurs ont été brûlés vifs. La population faisait la patrouille quand elle a arrêté l’une des personnes qui tentait de voler. Un voleur bien identifié a été lynché. Une autre victime, non identifiée, a subi le même sort”. Les cris des suppliciés résonnent désormais comme un symbole glaçant de l’effondrement de la sécurité dans cette zone rurale du Kasaï-Oriental.
L’autorité locale précise qu’un des suppliciés était connu dans la communauté, tandis que l’autre reste un mystère – double tragédie où l’identité même des victimes s’efface devant la barbarie. Mais comment en est-on arrivé là ? Le bourgmestre pointe un climat d’insécurité persistant qui pousse les habitants à prendre la loi en main : “Nous condamnons ces actes, et nous allons tous redoubler de vigilance”, déclare-t-il, tout en lançant un appel urgent à la population.
Cet événement relance cruellement le débat sur l’efficacité des services de sécurité dans les régions reculées. Les patrouilles citoyennes, initialement conçues comme bouclier contre le banditisme, basculent-elles désormais dans la barbarie organisée ? Les habitants de Tshilenge, livrés à eux-mêmes face à la recrudescence des vols, semblent avoir perdu foi en la capacité de l’État à les protéger.
Le drame de Lukalaba illustre un cercle vicieux infernal : l’absence des forces de l’ordre nourrit la méfiance, qui engendre à son tour des actes de vengeance collective. Pourtant, cette justice expéditive ne résout rien – elle perpétue un cycle de violence où victimes et bourreaux finissent par se confondre dans la même spirale sanglante.
Alors que le Kasaï-Oriental s’enflamme régulièrement au gré de ces lynchages, une question cruciale se pose : jusqu’où peut aller la vigilance communautaire avant de sombrer dans la sauvagerie ? Le bourgmestre Kasonga Kalamba plaide pour un retour à la raison : “Faites confiance aux institutions”, supplie-t-il. Mais sur le terrain, l’urgence reste entière : reconstruire la présence étatique avant que d’autres vies ne partent en fumée sous les cris d’une fiance devenue juge et bourreau.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd