Kisangani, autrefois symbole de tranquillité en République Démocratique du Congo, sombre dans une insécurité urbaine alarmante. Des tueries, exactions et vols à main armée s’y multiplient quotidiennement, transformant la ville en un véritable Far West selon l’élu national Théoveul Lotika. Cette dégradation sécuritaire a été officiellement dénoncée devant l’Assemblée nationale ce mercredi 4 juin.
Trois facteurs explosifs sont pointés du doigt. La surmilitarisation de la Tshopo apparaît comme un terreau fertile aux violences. Des centaines de militaires déserteurs circuleraient librement dans Kisangani, échappant à tout contrôle. Parallèlement, le phénomène Wazalendo prend une ampleur inquiétante. Ces groupes d’autodéfense, initialement constitués pour protéger les communautés, opèrent désormais hors de tout cadre réglementaire. Comment en est-on arrivé à cette situation de quasi-anarchie ?
Le député Lotika tire la sonnette d’alarme avec des propositions concrètes. Le renforcement immédiat des effectifs policiers constitue sa première exigence. Face à l’impuissance des forces de l’ordre actuelles, cette mesure semble vitale pour rétablir l’ordre public. Deuxième axe : le désarmement urgent des militaires cantonnés au camp Bahuma. Ces soldats, dans l’attente d’affectation en zone opérationnelle, représenteraient une menace permanente par leur simple présence en ville.
La troisième priorité concerne le traitement des déserteurs. Leur identification systématique et leur cantonnement immédiat sont réclamés avec insistance. Lotika presse le ministre de la Défense de lancer sans délai l’opération Ndobo, visant spécifiquement ce fléau. La sécurité urbaine en RDC passe impérativement par ce triple chantier à Kisangani.
Les conséquences de cette insécurité sont palpables dans tous les quartiers. Les commerces ferment plus tôt, les déplacements nocturnes sont évités, et la psychose s’installe parmi les habitants. Des sources locales rapportent que pas une journée ne s’écoule sans qu’un incident grave ne soit signalé. Cette dérive interroge la capacité des autorités à contrôler leur propre appareil sécuritaire.
La situation révèle un paradoxe troublant. Alors que la province de la Tshopo accueille d’importantes garnisons militaires, leur présence massive alimente l’insécurité au lieu de la prévenir. Le phénomène Wazalendo, non encadré, complique davantage le paysage sécuritaire. Des armes légères circuleraient librement entre ces différents acteurs, créant un cocktail explosif.
Face à cette crise, l’appel du député Théoveul Lotika résonne comme un ultimatum. Sans action rapide sur les trois axes proposés, Kisangani risque de s’enfoncer irrémédiablement dans la violence. Les autorités provinciales et nationales sont désormais attendues au tournant. La crédibilité de toute la chaîne de sécurité en RDC se joue dans cette ville emblématique.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net