Une nuit de terreur a une nouvelle fois ensanglanté l’Ituri. Entre mercredi et jeudi 5 juin, des miliciens CODECO ont lancé une attaque ciblée contre le village Tsotso, situé au groupement Lopa dans le territoire de Djugu. Des témoins décrivent des scènes de chaos où des civils désarmés ont été traqués sans pitié.
Selon les informations recueillies auprès de Lotsima Lachu, cette offensive nocturne a fait au moins six morts parmi la population locale. Des corps ont été retrouvés à l’aube, portant des impacts de balles et des blessures par arme blanche. Le bilan pourrait s’alourdir dans les prochaines heures car plusieurs habitants sont toujours portés disparus. Leurs familles errent désespérément à la recherche de traces.
Comment expliquer cette recrudescence de violence dans une région déjà martyrisée ? Les miliciens CODECO, actifs dans cette zone depuis des années, semblent profiter des failles sécuritaires. Leur mode opératoire reste inchangé : frapper de nuit, semer la panique, et disparaître avant l’arrivée des forces régulières. Cette attaque survient dans un contexte de tensions ethniques et foncières persistantes à Djugu.
Des blessés graves ont été évacués vers des structures médicales de fortune, où les moyens manquent cruellement. Un infirmier local, sous couvert d’anonymat, évoque des « blessures par balle multiples » et un « état critique » pour plusieurs victimes. Les services de santé, déjà saturés, peinent à faire face à cette nouvelle vague de violence.
L’absence de réaction immédiate des forces de sécurité interroge. Freddy Upar, contacté à Bunia, confirme que « aucun déploiement significatif n’a été observé dans les heures suivant le massacre ». Cette inertie nourrit un sentiment d’abandon chez les populations civiles, prises en étau dans le conflit Ituri RDC. Comment justifier que des miliciens CODECO circulent encore librement après tant d’années de violences ?
Le village Tsotso présente désormais un spectacle de désolation. Des habitations incendiées, des biens pillés, et des survivants en état de choc. Le traumatisme s’ajoute à la précarité dans cette région où les attaques répétées ont détruit les moyens de subsistance. La communauté internationale reste silencieuse face à cette tragédie qui s’inscrit dans une longue série.
Cette nouvelle tuerie relance le débat sur l’efficacité des opérations militaires contre les groupes armés. Malgré les annonces de « neutralisation », les miliciens CODECO conservent une capacité de nuisance alarmante dans le territoire de Djugu. Les autorités provinciales promettent une enquête, mais les précédents engagements sont restés lettre morte. Jusqu’où devra couler le sang avant qu’une solution durable ne soit trouvée au conflit qui déchire l’Ituri ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd