Dans la zone de santé de Lita en Ituri, à seulement 12 kilomètres de Bunia, le centre de santé de Mandro symbolise la crise sanitaire qui frappe la région. Avec seulement quatre lits pour desservir une population de 14 289 habitants, cette infrastructure médicale vitale ne parvient plus à assurer des soins décents, particulièrement aux femmes enceintes. Comment une telle situation a-t-elle pu s’installer dans cette région de la RDC, et quelles sont les conséquences réelles pour les populations vulnérables ?
Corneille Ngaburo, infirmier titulaire du centre, dresse un constat accablant : “Nous avons un petit bâtiment avec quatre lits seulement. Quand des malades sont déjà en observation, nous manquons d’espace pour encadrer les femmes enceintes”. Cette pénurie de lits n’est que la partie émergée d’un iceberg de carences. Le centre fonctionne sans salle d’accouchement dédiée, sans espace pour les consultations prénatales (CPN) et sans salle post-partum, trois éléments pourtant fondamentaux dans la prise en charge de la santé maternelle.
Cette situation critique à Mandro illustre un problème plus large : le manque chronique de lits en maternité dans plusieurs structures sanitaires de la RDC. En l’absence d’infrastructures adaptées, les soins santé pour femmes enceintes se réduisent à des gestes d’urgence. “Nous faisons ce que nous pouvons, mais cela ne répond pas aux normes”, confesse l’infirmier, soulignant que le suivi de la santé reproductive devient impossible. Les risques sont concrets : complications obstétricales non détectées, accouchements dans des conditions précaires, et suivi postnatal inexistant.
La crise sanitaire à Ituri s’aggrave par d’autres manques criants. Le centre de Mandro souffre d’une pénurie de médicaments essentiels, d’un déficit en équipements médicaux de base et d’une insuffisance de personnel qualifié. Imaginez un centre de santé où même les outils pour un accouchement sécurisé font défaut ! Cette combinaison de facteurs transforme chaque grossesse en parcours du combattant pour les femmes de la région.
Face à cette urgence, Corneille Ngaburo lance un appel poignant : “Nous souhaitons disposer au moins d’une salle dédiée à la maternité pour accompagner les femmes de la préparation à l’après-accouchement. Ce serait une grande avancée”. Un souhait minimaliste qui révèle l’ampleur des besoins non satisfaits. La réhabilitation de l’infrastructure médicale autour de Bunia n’est plus une option mais une nécessité vitale.
Que faire alors ? Prioriser les investissements dans les structures périphériques comme Mandro pourrait sauver des vies. Des solutions existent : réaffectation des budgets sanitaires, partenariats avec des ONG spécialisées, ou programmes ciblés de formation du personnel. Sans action rapide, cette crise humanitaire silencieuse continuera de mettre en danger des milliers de femmes et de nouveau-nés. La santé maternelle au Congo mérite mieux que des compromis mortels dans des centres de santé agonisants.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
