Le gouvernement congolais se voit pressé d’appliquer avec rigueur les dispositions du code minier RDC, notamment l’obligation pour les entreprises minières de reverser les redevances aux provinces et entités décentralisées. Cet impératif a retenti lors de la clôture de l’atelier organisé par le Congo Peace Center (CPC) à Kinshasa ce mercredi 4 juin, focalisé sur la conciliation entre exploitation minière et développement local durable dans les provinces du Maniema et du Tanganyika.
Blaise Bayise Bolamba, secrétaire permanent du CPC, a dressé un constat accablant : « Ces régions regorgent de minerais, mais l’absence d’entreprises industrielles et le non-paiement des redevances minières condamnent les populations à une pauvreté extrême ». Comment expliquer que ces territoires, véritables coffres-forts géologiques, soient paradoxalement les laissés-pour-compte du développement national ?
Les travaux de restitution menés sur le terrain révèlent des carences infrastructurelles criantes. « Aucune route ne relie les territoires aux chefs-lieux, l’accès à l’eau et à l’électricité relève du parcours du combattant, tandis que écoles et centres de santé manquent cruellement », a détaillé Bolamba. Cette réalité illustre le fossé abyssal entre la richesse extraite et sa redistribution, un mécanisme pourtant central dans le code minier RDC censé garantir le développement local Congo.
Le diagnostic pointe vers un cercle vicieux : l’exploitation minière Maniema et Tanganyika, bien qu’intensive, ne génère pas les retombées économiques promises. Les maigres redevances minières reversées suffisent à peine à combler les besoins primaires des communautés. Pire, la pauvreté Tanganyika atteint des niveaux alarmants, transformant ces zones en poudrière sociale où les jeunes, privés d’alternatives, se tournent vers des activités précaires ou les groupes armés.
Face à ce tableau sombre, le CPC propose une feuille de route en deux volets. D’abord, créer des entreprises minières locales capables de capter davantage de valeur ajoutée. Ensuite, diversifier l’économie par l’agriculture, transformant ainsi le sous-sol en levier pour d’autres secteurs. Ces mesures pourraient briser la malédiction des ressources qui pèse sur ces provinces.
Cet atelier, organisé avec l’appui technique de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), a réuni des acteurs clés : délégués des ministères des Mines et de l’Intérieur, représentant du Chef de l’État pour les processus de Luanda et Nairobi, ainsi que des porte-paroles des communautés affectées. Une convergence rare soulignant l’urgence d’agir.
À l’heure où la RDC négocie des partenariats miniers stratégiques, la question des redevances minières devient un test décisif pour l’équité territoriale. Sans une redistribution effective, le développement local Congo restera un mirage pour le Maniema et le Tanganyika. L’application stricte du code minier n’est pas qu’une exigence légale ; c’est le sésame pour transformer l’abondance géologique en progrès tangible. Le gouvernement parviendra-t-il à faire des redevances le carburant d’un nouveau modèle de croissance inclusive ? L’avenir socio-économique de ces provinces en dépend.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net