Dans l’ombre des conflits armés qui secouent le Nord-Kivu, une crise humanitaire silencieuse frappe l’aire de santé de Isonga. Chaque mois depuis un an, le centre de santé local enregistre au moins 40 cas de malnutrition, principalement chez les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes. Une situation alarmante révélée par Kambale Kiruma Musa, infirmier titulaire du centre, qui peine à voir une amélioration malgré le retour progressif des populations après les attaques des rebelles ADF en 2023.
Mais comment expliquer cette insécurité alimentaire Vuhovi persistante ? Les racines du mal plongent dans l’insécurité chronique de la chefferie de Bashu. Les familles retournées, ayant fui les violences, se heurtent à des terres agricoles abandonnées et des circuits économiques paralysés. Résultat : une crise alimentaire Beni qui transforme la malnutrition en épidémie sournoise. Les enfants présentent des retards de croissance irréversibles, tandis que les femmes allaitantes voient leur santé se dégrader rapidement.
La situation s’aggrave avec une rupture médicaments Nord-Kivu critique. “Nous manquons de thérapeutiques essentielles pour prendre en charge les cas sévères”, confie Kambale Kiruma Musa. Sans sels de réhydratation, lait thérapeutique ou vermifuges, son équipe médicale assiste, impuissante, à l’aggravation des cas. Pourtant, la prise en charge précoce des enfants malnutrition RDC réduirait de 70% la mortalité infantile selon les protocoles internationaux. Une urgence d’autant plus vive que les centres de santé environnants subissent les mêmes pénuries.
Face à cette double catastrophe sanitaire et alimentaire, l’infirmier lance un appel pressant : “La priorité absolue est le réapprovisionnement en médicaments vitaux pour sauver les enfants déjà atteints. Mais nous devons aussi agir en amont avec des distributions alimentaires ciblées et des programmes agricoles d’urgence”. Car derrière les 40 cas mensuels officiellement recensés se cache une réalité plus sombre : dans les villages reculés de l’aire de santé de Isonga, combien d’autres enfants dépérissent sans diagnostic ?
Les spécialistes rappellent qu’une intervention coordonnée pourrait inverser la tendance. La supplémentation en micronutriments, les jardins potagers communautaires et la sécurisation des axes commerciaux constitueraient des solutions pérennes. Mais en l’absence de financements et face à la fragilité sécuritaire persistante, la malnutrition Isonga risque de s’ancrer dans la durée. Une génération entière d’enfants du Nord-Kivu paie aujourd’hui le prix de l’instabilité régionale, leur avenir hypothéqué par des carences évitables.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd