Dans le cadre du 5e congrès mondial sur la justice pour les enfants, une conférence satellite organisée par le Bureau international des droits des enfants (IBCR) a mis en lumière les défaillances structurelles des tribunaux pour enfants RDC. Tenue à Kinshasa ce mardi 3 juin 2025 sous le thème « Ensemble pour une justice adaptée aux enfants en situation de privation de liberté », cette rencontre a servi de tribune aux professionnels pour exiger l’abandon des pratiques répressives contre les mineurs.
Serge Kashama, représentant du Conseil Supérieur de la Magistrature, a dressé un constat alarmant lors du premier panel : « La RDC ne dispose que de 23 tribunaux pour enfants sur l’ensemble du territoire national, alors que les normes internationales en exigeraient un dans chacun des 145 territoires ». Cette pénurie institutionnelle compromet gravement l’accès des mineurs à une justice mineurs Congo équitable, soulignant l’urgence d’un plan de déploiement national.
L’intervention de Béatrice Bitenda, juriste au Bureau National Catholique de l’Enfance, a révélé les conditions inhumaines subies par les enfants placés. « L’absence totale de centres publics spécialisés contraint les organisations civiles et religieuses à pallier les carences de l’État », a-t-elle déploré, pointant le manque de dispositifs de mobilité et l’insuffisance de l’accompagnement psycho-social. Sa recommandation phare appelle à l’adoption d’une politique nationale de protection enfance RDC, seul cadre capable d’assurer une prise en charge holistique.
Le débat a pris une tournure juridique avec Raoul Kienge-Kienge Intudi, directeur de l’École de criminologie de l’Unikin. Fustigeant l’incarcération des mineurs à la prison Makala enfants, il a martelé : « Aucune base légale ne justifie le maintien d’enfants dans le pavillon 10 de Makala. Le ministre de la Justice doit émettre une circulaire interdisant explicitement cet emprisonnement illégal ». Cette position radicale a reçu un démenti nuancé de Jean Djemba, responsable du quartier spécial : « Si les conditions historiques étaient catastrophiques, des améliorations substantielles ont été apportées ».
Cette conférence droits enfant Kinshasa a mis en exergue plusieurs paradoxes : comment un pays signataire de la Convention internationale des droits de l’enfant peut-il tolérer que des mineurs croupissent dans des prisons pour adultes ? Pourquoi la réinsertion familiale et sociale reste-t-elle marginalisée au profit de solutions carcérales ? Les panélistes ont unanimement plaidé pour un système axé sur la prévention et l’accompagnement, plutôt que sur la sanction punitive.
L’IBCR, organisation basée à Montréal présente dans 54 pays, a rappelé en clôture que la protection des mineurs en conflit avec la loi exigeait une réforme législative urgente. La prochaine étape consistera à formaliser ces recommandations dans un livre blanc à remettre au gouvernement congolais d’ici fin juillet 2025. Reste à savoir si les autorités saisiront cette opportunité pour transformer en profondeur une justice mineurs Congo aujourd’hui dysfonctionnelle.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd