À Kinshasa, l’espoir renaît timidement dans les couloirs de l’Office congolais de contrôle. « Nos amis de Goma et Bukavu ont vu la banque passer », confie Chiro Chiruza, président de la délégation syndicale nationale, une lueur de soulagement dans la voix. Cette annonce survient alors que la grève paralyse l’institution depuis plusieurs jours, plongeant les agents dans une précarité insoutenable. Mais cette trêve suffira-t-elle à apaiser la colère des travailleurs ?
Mercredi 4 juin, sous l’œil vigilant du délégué de l’inspection générale du travail, les négociations ont enregistré des avancées concrètes. Le paiement des salaires du mois de mai pour les agents des antennes de Goma et Bukavu serait imminent, une première réponse aux revendications portées par l’Intersyndicale. Pourtant, l’atmosphère reste électrique. Comment comprendre que des fonctionnaires soient réduits à cesser le travail pour obtenir le fruit légitime de leur labeur ?
La direction, menée par Étienne Tshimanga Mutombo, tente d’éteindre l’incendie. Trois sous-commissions ont été créées pour traiter les doléances, avec une échéance fixée au 10 juin pour un protocole d’accord final. « Beaucoup de réponses ont été données », assure le directeur général. Mais derrière ces déclarations officielles, la défiance persiste. Les travailleurs dénoncent une gestion catastrophique : salaires versés avec des mois de retard, politiques sociales inexistantes, décès d’agents faute de prise en charge médicale…
« Nous exigeons le départ immédiat de toute l’équipe dirigeante », martèle l’Intersyndicale, pointant du doigt une crise managériale profonde à l’OCC. Cette fronde dépasse largement la simple question des salaires. Elle révèle une fracture béante entre une base désespérée et une direction accusée d’incompétence. À Goma comme à Bukavu, la colère est palpable. Ces villes de l’Est, déjà éprouvées par les conflits, voient leurs fonctionnaires sombrer dans la misère malgré leur service public essentiel.
L’inspection du travail presse les grévistes de « rejoindre la table de discussion ». Mais comment dialoguer sereinement quand des vies sont en jeu ? Le cas des agents décédés par manque de soins médicaux hante les négociations. Cette grève à l’OCC dépasse le cadre corporatiste : elle interroge notre modèle de gouvernance publique. Quand une institution chargée de contrôle ne parvient pas à gérer ses propres ressources, quelle crédibilité peut-elle avoir ?
Alors que les sous-commissions planchent sur les solutions, une question cruciale demeure. Ces mesures palliatives suffiront-elles à restaurer la confiance érodée ? Le mouvement social à l’Office congolais de contrôle sonne comme un avertissement : en RDC, la dignité du travailleur n’est plus négociable. Les yeux sont désormais braqués sur la réunion du 10 juin, où se jouera peut-être l’avenir de centaines de familles congolaises suspendues au fil ténu de leurs salaires.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net