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ATA-RDC : 120.000 jeunes agripreneurs pour révolutionner l’agriculture congolaise d’ici 2030

L’Agenda de Transformation Agricole en RDC (ATA-RDC), lancé en 2022 sous l’impulsion du président Félix Tshisekedi, représente une rupture stratégique majeure dans l’approche du développement rural congolais. Loin des projets d’assistance ponctuels, cette initiative positionne l’agriculture comme le moteur central de la transformation économique nationale, avec un objectif ambitieux : générer 2 millions d’emplois formels d’ici 2030 et reconfigurer radicalement les chaînes de valeur agricoles. Comment ce programme structurant parvient-il à transformer des siècles d’agriculture de subsistance en un écosystème entrepreneurial dynamique ?

L’originalité de l’ATA-RDC réside dans son approche territoriale intégrée, ciblant six filières prioritaires – manioc, maïs, soja, riz, haricot et huile de palme – qui représentent 70% de la consommation alimentaire nationale. Dans la plaine de Rusizi au Sud-Kivu, l’application de ce modèle a déjà permis de tripler les rendements du maïs hybride, passant de 1,5 à 4,5 tonnes par hectare selon les données de l’IITA. Cette performance s’appuie sur une mécanisation agricole inédite : cinq centres régionaux équipés de tracteurs et d’unités de transformation traitent désormais jusqu’à 50 tonnes de manioc quotidiennement, réduisant les pertes post-récolte de 40% à 12%.

L’entrepreneuriat jeune constitue le cœur battant de cette révolution silencieuse. Le déploiement de 37 brigades agricoles a permis de former 120 000 petits producteurs à l’agrobusiness, avec des résultats tangibles : 65% d’entre eux ont diversifié leurs revenus grâce à l’aquaculture ou l’aviculture intégrée. « Nous passons d’une logique de survie à une culture de rente », souligne Jean-Bosco Kitambala, ministre provincial de l’Agriculture au Sud-Kivu. L’ambition affichée est de former 100 000 jeunes agripreneurs d’ici 2030, créant ainsi une nouvelle génération d’entrepreneurs agricoles capables de moderniser le secteur.

L’architecture financière du programme révèle une innovation institutionnelle majeure. Grâce à un fonds de garantie de 20 millions de dollars établi avec la Banque Africaine de Développement, 450 microprojets d’irrigation solaire et 12 unités laitières ont vu le jour dans le Grand Kivu. Parallèlement, la réforme du code semencier – inspirée du modèle nigérian – sécurise les investissements privés dans la recherche agronomique, essentielle pour adapter les cultures aux défis climatiques. Avec un budget opérationnel de 5,1 millions de dollars débloqué en 2024, l’ATA-RDC démontre que la transformation économique par l’agriculture n’est plus une utopie congolaise.

Pourtant, les obstacles restent redoutables. L’enclavement des zones de production grève jusqu’à 40% du prix final des denrées : seulement 12% des routes rurales restent praticables en saison des pluies selon la Banque Mondiale. La montée en puissance des coopératives féminines – qui représentent désormais 45% des membres – et les contrats d’achat garantis avec des géants comme Olam International offrent des solutions prometteuses. La véritable question est : la RDC parviendra-t-elle à transformer son potentiel théorique en leadership régional concret ?

L’impact macroéconomique commence à se matérialiser. Le secteur agricole, qui contribue actuellement à 20% du PIB national, pourrait voir sa productivité augmenter de 35% d’ici 2026 si les réformes se poursuivent. Des innovations techniques comme la farine de manioc panifiable – mélange à 10% de blé importé développé par l’IITA – réduisent déjà les coûts de production boulangère de 15%, illustrant comment la valorisation locale crée de la richesse endogène. Cette mutation stratégique positionne la RDC comme futur grenier de l’Afrique centrale, à condition de pérenniser les investissements dans les infrastructures de base et la formation technique.

Au-delà des chiffres, l’ATA-RDC incarne un changement de paradigme culturel : l’agriculteur congolais n’est plus perçu comme un bénéficiaire d’aide, mais comme un entrepreneur au cœur des chaînes de valeur nationales. Avec 8 000 formateurs déployés sur le terrain et des partenariats structurants avec l’IITA et l’Alliance pour une Agriculture Inclusive (AALI), le programme crée les conditions d’une autosuffisance alimentaire durable. Le défi reste l’élargissement à l’échelle nationale : si les provinces du Kasaï et du Katanga ont vu émerger des hubs industriels performants, les régions reculées attendent encore leur intégration dans cette dynamique vertueuse.

À l’heure où la diversification économique s’impose comme une nécessité vitale pour la RDC, l’ATA-RDC démontre que la transformation agricole par l’entrepreneuriat et les chaînes de valeur structurées n’est pas un projet, mais un impératif stratégique. Les prochaines années révéleront si cette ambition peut transcender les défis logistiques et institutionnels pour faire de l’agriculture le véritable pilier de l’émergence économique congolaise.

Article Ecrit par Amissi G

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Amissi G
Amissi G
Né à Lubumbashi, Yvan Ilunga est un passionné de la richesse culturelle du Congo. Expert en éducation et en musique, il vous plonge au cœur des événements culturels tout en mettant en lumière les initiatives éducatives à travers le pays. Il explore aussi la scène musicale avec une analyse fine des tendances artistiques congolaises, faisant d’Yvan une véritable référence en matière de culture.
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