Le Conseil des ministres du Kasaï Oriental a prononcé la révocation immédiate de trois membres de l’exécutif provincial, impliqués dans une affaire de détournement présumé de deniers publics. Cette décision, intervenue le vendredi 30 mai 2025 à Kabeya Kamuanga sous la présidence du gouverneur intérimaire Augustin Kayemba Mulemena, concerne Charles Kamanga Nsenda Lukusa, ministre du Plan et du Budget, Chantal Mulanga Kasanda, ministre de l’Agriculture et de l’Environnement, ainsi qu’Élie Kabuya Mende, ministre des Finances.
Selon des sources judiciaires concordantes, les hauts fonctionnaires sont formellement accusés d’avoir soustrait la somme de 100 000 dollars américains initialement allouée au financement d’un projet agricole provincial. L’Assemblée provinciale a diligenté une enquête préliminaire avant de procéder à leur mise en accusation, déclenchant ainsi des poursuites pénales pour détournement de fonds publics. Les dossiers ont été transmis au parquet de Mbuji-Mayi, où l’instruction déterminera si les éléments constitutifs de l’infraction justifient un renvoi devant le tribunal de grande instance.
Quelles pourraient être les conséquences judiciaires de ce scandale financier en RDC ? Dans l’attente de la nomination de leurs successeurs, les portefeuilles ministériels vacants seront temporairement assumés par les ministres de la Justice et des Infrastructures, Travaux Publics et Reconstruction. Cette mesure conservatoire vise à garantir la continuité administrative tout en préservant les procédures en cours, comme l’a précisé le secrétariat général du gouvernement provincial dans un communiqué officiel.
La gravité de l’affaire prend une dimension symbolique particulière au regard de la provenance géographique des mis en cause. Le Kasaï Oriental, berceau politique du Chef de l’État Félix Tshisekedi, se trouve ainsi éclaboussé par un scandale de corruption au sein même de son exécutif. Cette décision de révocation marque-t-elle un infléchissement dans la tolérance zéro prônée par les autorités centrales contre les détournements de deniers publics ? Les observateurs notent que la célérité de la procédure pourrait constituer un précédent dans la gouvernance provinciale congolaise.
Le réquisitoire de l’Assemblée provinciale, consulté par notre rédaction, détaille le mécanisme présumé du détournement : les fonds auraient été virés sur des comptes personnels via un système de surfacturation fictive de fournitures agricoles. Les ministres révoqués n’ont pas encore fait de déclaration publique, mais leurs avocats respectifs annoncent une défense vigoureuse contre ces accusations qualifiées de « montage politique ». Le procureur près le tribunal de grande instance de Mbuji-Mayi a confirmé l’ouverture d’une information judiciaire pour « abus de confiance, corruption active et blanchiment de capitaux ».
Cette affaire de corruption gouvernementale au Kasaï Oriental intervient dans un contexte national de durcissement des contrôles financiers. La Cour des comptes avait récemment alerté sur les vulnérabilités dans la gestion des fonds déconcentrés. Les prochaines semaines détermineront si la justice Kasaï Oriental parviendra à établir les responsabilités pénales dans ce dossier emblématique de la lutte contre les détournements de deniers publics en RDC.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd