Dans un contexte de crise sécuritaire sans précédent, l’initiative de Martin Fayulu, président d’ECIDE, d’engager un dialogue direct avec le chef de l’État Félix Tshisekedi suscite des réactions significatives au sein de la classe politique congolaise. Le parti Nouvel Élan, dirigé par l’opposant Adolphe Muzito, a publiquement salué cette démarche mercredi, y voyant une lueur d’espoir pour sortir le pays de l’impasse. Par la voix de son secrétaire général, le parti a qualifié cette initiative de « position patriotique» visant à « préserver le pays de l’occupation étrangère ».
Le communiqué de Nouvel Élan, transmis à Radio Okapi, ne se contente pas d’applaudir la démarche de Fayulu : il lance un appel pressant au président Tshisekedi pour qu’il ouvre « ses portes aux compatriotes de tous horizons ». Cette invitation sous-tend une stratégie d’union nationale face à ce que le coordonnateur de la plateforme LAMUKA décrit comme « l’une des périodes les plus sombres de l’histoire de la RDC ». Une rhétorique qui souligne l’urgence d’une coalition contre les forces déstabilisatrices qualifiées sans ambages de « pyromanes ».
« Nous saluons la position de notre compatriote Martin Fayulu, qui a choisi de rallier la voie des nationalistes en dépassant les égos pour préserver le pays de l’occupation étrangère et du projet machiavélique de nos ennemis »
La gravité de la situation sécuritaire dans l’Est du pays justifie cet appel à l’unité. Martin Fayulu a explicitement pointé du doigt l’Alliance Fleuve Congo/M23, soutenue par le Rwanda, qui occupe désormais des territoires stratégiques des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. L’occupation de Goma et Bukavu par ces rebelles constitue un défi existentiel pour la souveraineté congolaise, transformant ce dialogue politique en impératif stratégique. Cette crise Nord-Kivu Sud-Kivu dépasse-t-elle les clivages partisans pour exiger une réponse nationale unifiée?
Dans sa déclaration, Fayulu a identifié trois acteurs incontournables pour résoudre cette crise : Corneille Nangaa, ancien président de la CENI ; Joseph Kabila, l’ex-chef de l’État ; et l’actuel président Félix Tshisekedi. Cette triangulation politique suggère que la solution exigerait des compromis historiques entre des figures traditionnellement antagonistes. Le soutien d’Adolphe Muzito à l’initiative Fayulu-Tshisekedi pourrait-il créer un effet d’entraînement auprès d’autres forces politiques? Et surtout, cette dynamique suffira-t-elle à contrer l’ingérence rwandaise dénoncée par tous?
Alors que le spectre de l’occupation étrangère plane sur l’Est du pays, ce rapprochement inattendu entre Martin Fayulu et Félix Tshisekedi, soutenu par Adolphe Muzito, représente peut-être la dernière chance d’une réponse coordonnée. Mais la route reste semée d’embûches : la méfiance historique entre ces acteurs, la complexité des intérêts en jeu dans la région des Grands Lacs, et l’urgence militaire imposent un calendrier serré. L’efficacité de ce dialogue politique émergent se mesurera à l’aune d’un seul critère : sa capacité à libérer concrètement les territoires occupés et à restaurer l’autorité de l’État congolais sur l’ensemble de son territoire national.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
