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CSAC interdit Kabila : l’opposition congolaise crie à la censure

La décision fracassante de Christian Bosembe, président du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), résonne comme un coup de tonnerre dans le paysage médiatique congolais. En interdisant ce mardi toute diffusion des propos de l’ancien président Joseph Kabila et toute couverture des activités du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), l’autorité de régulation a-t-elle franchi la ligne rouge de la censure ? Bosembe s’en défend vigoureusement lors d’une intervention sur Top Congo FM : « Ce n’est pas une censure : aucun droit n’a été violé. Il ne faut pas faire de la télévision une tribune de subversion. » Une déclaration qui sonne comme un étrange paradoxe dans une démocratie.

Cette interdiction des médias concernant le PPRD, parti de l’ex-chef de l’État, soulève immédiatement une tempête politique. Patrick Nkanga, rapporteur du bureau politique du PPRD, fustige une décision « abjecte » dépourvue de tout fondement légal : « Sur quel fondement juridique le président contesté du CSAC peut interdire à tout un parti politique d’être reçu par les médias ? Sa seule parole vaut décision de justice ? » Le ton est donné : l’opposition voit dans cette mesure un instrument de musèlement politique, une violation flagrante de la liberté de presse en RDC.

Marie-Ange Mushobekwa, ancienne ministre des Droits humains, enfonce le clou en pointant les incohérences du CSAC. Dans un message cinglant, elle rappelle que « voici trois mois, vous aviez interdit au peuple et aux médias congolais de parler du M23 ». Un silence médiatique brutalement rompu lorsque la RTNC diffusa des images de pourparlers avec le mouvement rebelle. « Monsieur Bosembe, vos menaces ne nous font pas peur », lance-t-elle, promettant de continuer à s’exprimer sur « toutes les questions touchant à la vie de la Nation ».

Cette décision du CSAC pose une question fondamentale : l’institution régulatrice devient-elle l’arbitre des voix autorisées à s’exprimer dans l’espace public ? En ciblant spécifiquement Joseph Kabila et son parti, ne risque-t-on pas d’instaurer un dangereux précédent où l’accès aux médias dépendrait des orientations politiques du moment ? L’argument de la « subversion » avancé par Bosembe ressemble à un fourre-tout commode pour justifier l’exclusion médiatique de l’opposition.

Les réactions de l’opposition congolaise dépassent la simple protestation pour toucher à l’essence même du contrat démocratique. Si un parti majeur et son leader historique peuvent être bannis des ondes par simple décision administrative, que reste-t-il du pluralisme ? Cette censure du CSAC ouvre un front juridique et politique périlleux. Dans un pays où les médias constituent déjà un champ de bataille idéologique, cette interdiction pourrait-elle être le prélude à d’autres restrictions ? La crédibilité des institutions s’en trouve ébranlée, alors que la liberté de presse en RDC apparaît plus fragile que jamais.

Le timing de cette mesure interroge. À l’approche d’échéances électorales cruciales, le silence imposé au PPRD et à son leader emblématique ne risque-t-il pas de fausser le débat démocratique ? L’opposition dénonce une manœuvre pour réduire sa visibilité, transformant le paysage audiovisuel en une scène où certains acteurs politiques seraient condamnés à jouer dans l’ombre. Face à cette offensive, la résistance s’organise : Mushobekwa annonce déjà contourner les interdits par les réseaux sociaux, espace que le CSAC peine à contrôler.

Cette crise met en lumière les tensions croissantes entre régulation et répression. Le CSAC, censé garantir l’équité, se retrouve accusé d’être l’instrument d’un musèlement politique. La défense de Bosembe – éviter la « tribune de subversion » – peine à convaincre tant elle évoque les vieux réflexes autoritaires. Dans un contexte régional instable, la RDC envoie-t-elle le signal dangereux que la parole critique doit être étouffée plutôt que combattue par le débat ? L’onde de choc de cette décision dépasse les frontières congolaises, interrogeant les partenaires internationaux sur l’état de la démocratie au cœur de l’Afrique.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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