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Arrestations généraux FARDC : Sylvain Ekenge justifie, les ONG dénoncent une crise des droits humains

La République Démocratique du Congo traverse une période sécuritaire critique sous les assauts de la rébellion M23 soutenue par le Rwanda. Dans ce contexte, une vague d’arrestations frappe les rangs des Forces Armées, soulevant de vives inquiétudes quant à son impact sur le moral des troupes et la cohésion nationale. Des officiers supérieurs et généraux sont régulièrement appréhendés, alimentant un débat brûlant sur l’équilibre entre discipline militaire et présomption d’innocence.

Le général-major Sylvain Ekenge, porte-parole des FARDC, a fermement défendu ces mesures lors d’un briefing médiatique ce mardi 3 juin. « Il y a des officiers arrêtés pour des raisons évidentes », a-t-il déclaré, citant des cas concrets de détournements de fonds et d’utilisation illicite de matériel militaire. Des exemples précis ont été évoqués : un officier condamné pour détournement de 20 000 USD, un général emprisonné après qu’un véhicule de l’armée confié à un tiers ait subi un accident. Ces enquêtes militaires en RDC suivraient des procédures strictes, chaque dossier étant traité individuellement avant transmission à la justice militaire.

Mais ces explications peinent à convaincre. Un consortium d’ONG de défense des droits humains, dont Human Rescue et le Panel des Experts de la société civile, a exprimé une « profonde préoccupation » face à ces arrestations. Depuis le 22 mai 2025, plusieurs hauts gradés ont été interpellés dans des conditions troublantes. Le général de brigade Pierre Banywesize, ex-chef d’état-major de Joseph Kabila, a été arrêté à Kinshasa alors qu’il attendait un transfert médical à l’étranger. Le général Banza Kabulo Joseph, ancien commandant adjoint au Sud-Kivu, subit le même sort. Leurs lieux de détention restent inconnus, violant les standards internationaux.

Les chiffres avancés par les ONG sont alarmants : sur 29 généraux détenus, 27 seraient d’origine swahiliphone, accompagnés d’une centaine d’officiers et sous-officiers. Cette disproportion soulève des questions brûlantes sur d’éventuels critères ethniques. Le général Ekenge a rejeté ces allégations : « On parle des officiers swahiliphones mais il n’y a pas que ça. Chacun est détenu pour des infractions individuelles ». Pourtant, l’opacité des procédures nourrit les suspicions. Les dossiers judiciaires ne sont pas systématiquement ouverts, et les délais d’investigation s’étirent dans le silence.

Cette crise des droits humains au sein de l’armée congolaise survient à un moment périlleux. Alors que les combats font rage à l’Est, ces arrestations massives risquent-elles de démobiliser les soldats en première ligne ? La cohésion nationale, déjà fragile, résistera-t-elle à ce qui est perçu comme une purge ciblée ? Le porte-parole des FARDC insiste sur la rigueur nécessaire en temps de guerre : « Nous approfondissons tout avant de déférer quelqu’un à la justice militaire ». Mais les ONG rappellent que la lutte contre la corruption ne saurait justifier des violations des droits fondamentaux.

Les déclarations de Sylvain Ekenge n’ont pas apaisé les tensions. Alors que le pays combat une agression extérieure, cette crise interne mine la confiance dans l’institution militaire. Les enquêtes en cours devront prouver leur impartialité pour éviter que la défense du territoire ne se transforme en fracture nationale. L’équation est complexe : comment punir les fautes avérées sans alimenter le communautarisme ? La réponse des autorités déterminera si ces arrestations renforcent l’armée ou achèvent de la diviser.

Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd

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