Dans un contexte économique marqué par les défis sécuritaires, le gouvernement congolais a dévoilé le 2 juin 2025 à Kinshasa une série de réformes ambitieuses destinées à transformer l’écosystème entrepreneurial. Lors d’un briefing conjoint, Louis Watum, ministre de l’Industrie et des PME, et Patrick Muyaya, ministre de la Communication, ont présenté un dispositif inédit centré sur une carte entrepreneur RDC à 20 dollars, valable trois ans. Cette initiative s’inscrit dans la volonté d’accélérer la formalisation entreprises RDC, véritable talon d’Achille de l’économie nationale.
« Nous recommandons aux jeunes de revenir vers le formel », a insisté Louis Watum, détaillant les avantages concrets de ce sésame gouvernemental. Outre une couverture contre les accidents ou incendies, la carte ouvre l’accès à un financement PME Congo à taux réduit et à un accompagnement technique par des organismes agréés. Une mesure-phare pour les réformes économiques jeunes qui vise à créer un environnement sécurisé pour 10.000 micro-entreprises d’ici 2027. Comment ignorer l’impact d’une telle structuration sur la création d’emplois dans un pays où le secteur informel représente près de 70% de l’activité économique ?
Le ministre a par ailleurs annoncé une douzaine de mesures réglementaires en préparation, incluant des décrets d’application des ordonnances-lois. « Nous simplifions l’encadrement administratif pour faciliter la tâche des créateurs d’entreprise », a-t-il précisé, appelant à une confiance renouvelée dans les programmes étatiques. Ces mécanismes s’accompagnent d’une relance spectaculaire du projet agro-industriel de Bukanga Lonzo, avec un fonds de démarrage de 14 millions de dollars déjà débloqué. Ce Bukanga Lonzo projet symbolise la nouvelle orientation stratégique vers des investissements structurants.
Analysons les implications macroéconomiques : la formalisation accrue pourrait augmenter de 5% les recettes fiscales liées aux PME d’ici trois ans, selon les projections du ministère. Le secteur industriel, qui ne contribue qu’à hauteur de 9% au PIB actuellement, bénéficierait d’une injection de capitaux à double détente – par le biais des financements préférentiels et des grands projets d’infrastructure. La réussite de ce dispositif repose cependant sur un maillage territorial efficace des guichets d’accompagnement, particulièrement dans les provinces minières où l’informel prédomine.
Si le déploiement de la carte entrepreneur devient le socle de cette politique, la relance de Bukanga Lonzo en constitue le volet symbolique. Ce complexe agro-industriel, longtemps à l’abandon, représente un investissement initial équivalent à 15% du budget annuel du ministère de l’Agriculture. Son redémarrage pourrait générer 3.000 emplois directs et stimuler la production vivrière dans le plateau Batéké. Une question demeure : ces réformes parviendront-elles à enrayer l’exode des jeunes entrepreneurs vers des cieux économiques plus cléments ? La réponse se mesurera à l’aune de la simplification réelle des procédures et de l’accès effectif aux fonds promis.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net