Dans une démonstration de proximité gouvernementale, la Première Ministre Judith Suminwa Tuluka a arpenté ce dimanche les chantiers clés du Kasaï Central, confrontant les promesses présidentielles aux réalités terrain. Son périple kanangais, commencé par une messe à la paroisse Saint-Marc, s’est rapidement transformé en audit impromptu des infrastructures régionales. Le projet Megatron, cette centrale solaire présentée comme la solution énergétique locale, gît dans un silence technique inquiétant. La Cheffe du gouvernement, accompagnée du Gouverneur Kambulu N’konko, a exigé sa « relance immédiate », rappelant l’engagement de Félix Tshisekedi d’électrifier le pays. Mais entre les déclarations d’intention et les transformateurs muets, le fossé semble se creuser.
L’ironie du sort frappa lorsque le convoi ministériel fut bloqué par un poids lourd en panne sur la RN1, contraignant Madame Tuluka à parcourir à pied une portion de cette « route de l’espoir » vers Kalamba Mbuji. Cet incident improvisé devint symbole : la Première Ministre marchant littéralement sur les 230 km de futur bitume censé relier la RDC à l’Angola. Avec son budget pharaonique de 436 millions USD et son calendrier serré – livraison partielle promise pour juillet 2025 – ce chantier cristallise les espoirs de désenclavement. « Les engagements, vous voyez bien que la route est là ? » lança-t-elle, dans une formule où la question rhétorique dissimulait mal les défis climatiques et logistiques.
L’Athénée Royal de Kananga offrit un répit symbolique. Dans ces murs où fut rédigée la Constitution de Luluabourg, les 12 écoles rénovées incarnent la promesse de gratuité de l’enseignement. Pourtant, ce retour aux sources constitutionnelles ne suffit pas à masquer une interrogation centrale : pourquoi des projets structurants comme le Megatron accusent-ils un tel retard ? La visite gouvernementale au Kasaï Central révèle ainsi une équation politique complexe. Les déclarations sur la « transparence » et la « persévérance » sonnent-elles comme un aveu implicite des dysfonctionnements ?
En quittant Kananga, la Première Ministre a juré de « suivre les projets jusqu’à leur achèvement ». Mais l’obstination suffira-t-elle face aux inerties administratives ? Le calendrier de la RN1, déjà soumis aux « imprévus », et le solaire figé du Megatron rappellent crûment que les annonces ne valent que par leur concrétisation. Dans cette partie d’échecs développementale, chaque retard creuse la défiance populaire. L’exécutif joue désormais contre la montre : sa crédibilité se mesurera à l’aune des chantiers achevés plutôt qu’aux descentes médiatisées.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: primature.grouv.cd