Dans une salle comble de Kinshasa, les visages tendus des défenseurs des droits humains trahissent l’urgence de leur mission. « Chaque jour, des Congolais voient leur dignité bafouée dans l’indifférence », confie l’un des participants, serrant son certificat fraîchement obtenu. Ce lundi 3 juin marque un tournant décisif avec le lancement officiel de la CODH RDC, une coalition droits humains Kinshasa née après deux jours intensifs de BCNUDH formation. Une cinquantaine d’organisations locales unissent désormais leurs forces sous l’égide des Nations Unies, promettant de traquer les injustices jusque dans les quartiers les plus reculés.
L’émotion était palpable lorsque le ministre provincial de l’Intérieur, Thierry Tshitenga Kabuya, a tendu la main à la nouvelle coalition : « Cette synergie entre société civile et autorités est notre arme contre l’arbitraire. Comment protéger nos concitoyens sans un réseau vigilant sur le terrain ? » Son appel résonne dans un contexte où les violations restent trop souvent impunies. Souleymane Coulibaly du BCNUDH enfonce le clou : « Kinshasa n’est qu’un début. Imaginez l’impact si chaque province disposait d’un tel bouclier citoyen ! »
La présidente de la CODH, Isabelle Ntumba, détaille le chantier prioritaire : « Nos membres sont désormais équipés pour documenter les abus avec une méthodologie infaillible. Ces certificats droits humains ne sont pas des diplômes décoratifs, mais des armes de vérification massive. » Chaque certificat atteste d’une expertise en monitoring violations droits, permettant d’établir des rapports irréfutables pour les instances internationales. Une innovation cruciale dans un pays où les preuves tangibles font souvent défaut devant les tribunaux.
Derrière les discours officiels se cachent des défis colossaux. La coalition pourra-t-elle garder son indépendance tout en collaborant avec l’État ? Comment éviter que certaines zones de conflit ne deviennent des angles morts du monitoring ? Pour les habitants des quartiers populaires de Kinshasa, l’enjeu est concret. « Quand un policier exige un bakchich ou qu’un enfant est enrôlé de force, qui va nous écouter ? » interroge une marchande du marché de Matonge. La réponse viendra peut-être des équipes de la CODH, déjà déployées avec leurs grilles d’évaluation standardisées.
Ce projet dépasse la simple création d’une nouvelle structure. Il incarne une mutation profonde de la défense des droits en RDC : un maillage serré entre expertise onusienne, mobilisation citoyenne et reconnaissance étatique. Si l’essaimage national fonctionne, ce modèle pourrait faire trembler les prédateurs des libertés fondamentales. Mais le vrai test commencera demain, quand les certificats quitteront les murs climatisés des salles de réunion pour affronter la réalité crue des rues congolaises.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
