Dans un coup de semonce politique, Martin Fayulu, président de l’ECiDé, a pointé ce lundi trois acteurs clés de la crise sécuritaire et socio-économique qui étreint la République Démocratique du Congo. Son discours, d’une gravité inédite, interpelle directement Félix Tshisekedi, Joseph Kabila et Corneille Nangaa, les sommant de répondre de leurs responsabilités historiques.
« Je vous en conjure : cessez d’être complice des massacres de nos frères et sœurs. Cessez de livrer notre sol, nos vies et nos ressources aux forces étrangères », a lancé Fayulu à l’ancien président de la CENI, dans une charge accusatoire qui résonne comme un réquisitoire contre la gestion de la crise politique RDC. Le ton solennel du leader de l’opposition trahit une urgence nationale que plus personne ne peut ignorer.
La mise en garde de Fayulu dépasse les traditionnelles joutes partisanes : il annonce carrément l’avancée implacable de la balkanisation Congo. « Nous vivons les heures les plus sombres de notre histoire. La balkanisation […] n’est plus une menace loutaine : elle est en marche, à grands pas », a-t-il martelé, rappelant les craintes fondatrices de 1960. Une question se pose alors : jusqu’où cette crise peut-elle mener le Congo ?
Dans sa critique acerbe du régime actuel, Fayulu fustige la priorité accordée aux initiatives extérieures au détriment d’un véritable dialogue national Tshisekedi. Les consultations menées par le conseiller Kolongele, qualifiées de simulacre par l’opposition, n’ont abouti ni au gouvernement d’union nationale promis, ni à une stratégie cohérente contre l’agression du M23 RDC. Le président joue-t-il sa crédibilité sur ce dossier brûlant ?
Comme un symbole des fractures politiques, Fayulu apporte son soutien au pacte social porté par les églises, initiative vivement rejetée par le pouvoir qui y voit une ingérence cléricale. Cette polarisation autour des mécanismes de résolution de crise illustre l’impasse dans laquelle se trouve la nation. Alors que les provinces orientales brûlent sous les assauts rebelles, Kinshasa s’enlise dans des querelles de procédure.
La sortie véhémente de Fayulu pose in fine une question cruciale : les dirigeants congolais mesurent-ils véritablement l’abîme vers lequel ils conduisent le pays ? Dans cette partie d’échecs géopolitique où chaque acteur semble défendre ses intérêts claniques, le peuple congolais attend toujours la mise en place d’une stratégie cohérente capable d’enrayer la spirale infernale. L’histoire jugera sévèrement ceux qui, par ambition ou inertie, auront laissé la partition du territoire devenir une réalité.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd