Le bruit des stylos sur les copies d’examen a cédé la place à une clameur plus pressante ce lundi 2 juin à Bunia. Alors qu’ils venaient de terminer leur épreuve de dissertation, des élèves finalistes de cette ville martyre de l’Ituri ont lancé un appel déchirant au gouvernement congolais. Leur demande ? Agir d’urgence pour restaurer la paix dans une province déchirée par des années de conflits armés. Comment se concentrer sur son avenir quand le présent est hanté par la peur des attaques ?
Rebecca Bintu, une candidate rencontrée par notre équipe à la sortie de la salle d’examen, porte encore les stigmates de l’émotion. Son sujet de dissertation résonnait cruellement avec son quotidien : « Sans la paix, on ne peut rien faire ». Les mots lui ont brûlé les doigts tant ils collaient à la réalité iturienne. « C’est difficile. Compte tenu de la situation actuelle, je suis inquiète », confie-t-elle, le regard fuyant comme si elle guettait une menace invisible. « Je souhaite que cela change et que le gouvernement agisse. » Son plaidoyer, murmuré mais déterminé, résume le sentiment d’une génération entière.
Comme Rebecca, des dizaines d’autres élèves ont eu pour thèmes d’examen des sujets directement inspirés des défis sécuritaires qui paralysent la région. Cette dissertation paix RDC n’était pas un simple exercice académique, mais un miroir tendu vers une société en souffrance. Les jeunes ont saisi cette occasion pour transformer leur épreuve scolaire en tribune citoyenne. Leurs copies sont devenues des manifestes dénonçant l’inaction face à l’insécurité en Ituri. Que valent les diplômes dans une province où les écoles ferment régulièrement par crainte des milices ?
L’appel à la paix Bunia lancé par ces élèves dépasse largement le cadre scolaire. Dans les discussions animées devant les centres d’examen, les jeunes évoquent aussi la corruption systémique qui ronge leurs espoirs d’emploi, le chômage endémique des diplômés, et l’impossibilité de bâtir un projet de vie dans ce climat de violence. « Nous passons nos examens avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête », lâche un autre candidat sous couvert d’anonymat. « Demain, même avec mon diplôme, que pourrai-je faire si les routes sont coupées par des groupes armés ? »
Cet appel des élèves Ituri examen soulève une question fondamentale : jusqu’à quand la jeunesse devra-t-elle payer le prix de l’instabilité ? Leur dissertation paix RDC est un signal d’alarme adressé aux autorités. Ces adolescents, en pleine préparation de leur baccalauréat, démontrent une lucidité politique désarmante. Ils rappellent que sans sécurité, aucun développement n’est possible – ni éducatif, ni économique, ni social. Le gouvernement action Ituri devient une exigence vitale pour ces futures élites.
L’insécurité en Ituri n’est pas qu’une statistique pour ces jeunes ; c’est l’air qu’ils respirent chaque jour. Leurs copies d’examen tachées d’encre portent aussi les traces invisibles des larmes versées pour des proches disparus. Leur appel, né dans l’enceinte scolaire, résonne comme un ultimatum : la paix n’est pas un sujet de dissertation, mais une condition sine qua non pour l’avenir de toute une région. La balle est désormais dans le camp des décideurs. Répondront-ils enfin à ce cri du cœur avant que toute une génération ne sombre dans la résignation ou l’exil ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net