L’honorable Hermione Bolumbe Bakando, députée nationale et présidente de l’Association des Jeunes Parlementaires d’Afrique Centrale, a récemment marqué de son empreinte la 3ème Académie sur la dette et le développement de l’Afrique à Harusha. Ces assises, réunissant jeunes parlementaires africains et leaders continentaux, ont servi de tribune à l’élue du Mont Amba pour un plaidoyer sans concession sur les entraves à la prospérité régionale.
Devant ses pairs, Bolumbe a martelé un impératif catégorique : l’unité africaine comme rempart contre les forces déstabilisatrices. « Comment voulez-vous que la sous-région se développe ? », a-t-elle interrogé avec une rhétorique cinglante, pointant du doigt l’épineuse question sécuritaire dans l’Est congolais. Son argumentaire, implacable, lie directement la paralysie économique – notamment les projets d’infrastructures transfrontaliers avec la Tanzanie et l’Ouganda – à la présence de « groupes terroristes positionnés sur ces flancs ». Un constat qui soulève une interrogation sous-jacente : les beaux discours sur la lutte contre la pauvreté peuvent-ils ignorer cet abcès sécuritaire ?
« La RDC regorge de tous les potentiels »
Cette participation ne s’est pas limitée aux diagnostics alarmistes. En stratège avisée, Bolumbe a converti ses prises de parole en actes concrets, scellant deux protocoles d’accord avec Afrodad pour soutenir les jeunes entrepreneurs africains. Une avancée notable qui interroge cependant sur la capacité des institutions continentales à transformer ces engagements en résultats tangibles face aux réalités de terrain.
Cette sortie internationale s’inscrit dans une séquence diplomatique bien rôdée pour la parlementaire. Quelques semaines plus tôt, lors de la 10ème Conférence mondiale des Jeunes Parlementaires de l’UIP à Erevan, elle avait déjà déployé un argumentaire bicéphale : vanter les « prouesses » éducatives congolaises – gratuité scolaire, construction de milliers d’écoles et réforme LMD – tout en dénonçant avec force le « nœud coulant » que constitue, selon ses termes, « la guerre d’agression menée depuis 30 ans sous la houlette du Rwanda ». Un discours équilibrant développement et conflit Est-Congo, où l’exploitation illicite des minerais et le recrutement d’enfants soldats sont présentés comme des freins structurels.
Son rôle d’ambassadrice économique s’est également affirmé à Barcelone, où devant un aréopage d’investisseurs, elle a dépeint une RDC au « tableau favorable », misant sur sa jeunesse « consciencieuse » comme atout majeur. « Je vous invite à tourner les yeux vers la RDC. Il y a beaucoup de choses à faire », a-t-elle plaidé, esquissant une promesse de rentabilité qui ne saurait toutefois faire abstraction des défis sécuritaires préalablement dénoncés.
« Des jeunes consciencieux, qui sont sur le terrain et sur qui vous pouvez compter »
L’influence grandissante de Bolumbe dans les arènes parlementaires internationales a été consacrée par son accompagnement récent de Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale, à la Conférence de la Francophonie. Considérée comme un « maillon important » de la réussite du second mandat de Félix Tshisekedi, son ascension pose inévitablement la question de l’efficacité réelle de cette diplomatie parlementaire. Si les protocoles signés et les plaidoyers enflammés dessinent des perspectives encourageantes pour les investissements en RDC, leur concrétisation restera tributaire d’une résolution durable des conflits qui minent la sous-région. Le jeu diplomatique congolais saura-t-il transformer ces paroles en actes ? L’avenir le dira, mais l’honorable Bolumbe aura, à tout le moins, posé les termes du débat avec une clarté décapante.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd