Un grondement métallique, puis des cris déchirants. Dans la soirée du dimanche 2 juin, la vie quotidienne du village de Pont Kwango a basculé dans l’horreur. Un camion-remorque venant de Kikwit et filant vers Kinshasa s’est spectaculairement renversé sur la Route Nationale 1, finissant sa course dans les caniveaux bordant cette artère vitale du Kwango. Le bilan est lourd : quatre vies fauchées, treize blessés aux traumatismes souvent graves, et toute une communauté sous le choc.
« Ils n’avaient plus de freins », lâche, la voix nouée, Jean-Baptiste Nkololo, bourgmestre de la commune rurale de Pont Kwango. Ce témoignage glaçant résume la cause immédiate de cette tragédie routière. Parmi les victimes figurent le chauffeur du véhicule, un passager, ainsi qu’une femme et un homme piétons happés par l’engin incontrôlable. Neuf autres piétons du village figurent parmi les blessés, aux côtés des passagers de la remorque. « Des fractures ouvertes, des hémorragies internes… notre petit centre de santé est totalement dépassé », confie une infirmière locale sous couvert d’anonymat.
L’accident mortel survenu dans le territoire de Kenge soulève des questions brûlantes sur la sécurité routière en RDC. Comment des poids lourds aux systèmes de freinage défectueux peuvent-ils encore circuler sur nos routes nationales ? Pourquoi les contrôles techniques semblent-ils si rares sur cet axe stratégique qu’est la RN1 ? Ce drame n’est malheureusement pas un cas isolé, mais il illustre avec une cruelle acuité le cocktail mortel que constituent l’état dégradé de nos infrastructures, la vétusté de certains véhicules et le manque criant de contrôles routiers efficaces.
Dans l’immédiat, c’est l’urgence médicale qui préoccupe les autorités locales. Le bourgmestre Nkololo lance un cri d’alarme au gouvernement central : « Nous avons besoin d’une évacuation urgente vers des hôpitaux équipés ! Certains blessés risquent de succomber sans soins spécialisés. » Les habitants du Pont Kwango, eux, improvisent. Des maisons se transforment en infirmeries de fortune, tandis que des volontaires tentent de soulager les souffrances avec les maigres moyens disponibles. Une solidarité touchante face à l’impuissance des structures sanitaires locales, chroniquement sous-équipées et sous-financées.
Ce nouvel accident route Kwango nous rappelle cruellement le prix humain payé quotidiennement sur nos axes routiers. Derrière les chiffres – 4 morts, 13 blessés – se cachent des vies brisées, des familles anéanties. Combien de camions aux freins défaillants sillonnent encore nos provinces ? Jusqu’à quand les populations riveraines des grands axes comme la RN1 vivront-elles sous la menace permanente de tels drames ? Le drame du Pont Kwango exige plus que des condoléances : il appelle à une action résolue pour renforcer la sécurité routière et doter nos régions de moyens de secours dignes de ce nom. Car chaque minute compte pour ces treize survivants dont la vie ne tient qu’à un fil.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net